Harnois Énergies: une croissance énergique

L’histoire de Serge Harnois

Mardi 26 mai 2020
L’entreprise familiale Harnois Énergies a fait bien du chemin depuis sa fondation à Saint-Thomas-de-Joliette par les parents de Serge Harnois. Bien implantée aux quatre coins de la province, l’organisation mène des activités multiples, gère un grand réseau de stations-service et vend quelque 2,4 milliards de litres d’essence par année. Serge Harnois, PDG et copropriétaire de Harnois Énergies, présente sa vision des affaires.

L’ambition entrepreneuriale de la famille Harnois s’est d’abord manifestée chez le grand-père de Serge Harnois qui, le premier, a lancé son entreprise dans le domaine du transport en charriant tout ce dont les agriculteurs avaient besoin, de la farine au bétail en passant par les engrais. En 1958, les parents de Serge Harnois se sont à leur tour lancés dans les affaires en devenant distributeurs de produits pétroliers pour la British American Oil, dont Gulf fera l’acquisition en 1969. À cette époque, la demande de produits pétroliers était grande en région, tout comme celle du mazout pour le chauffage résidentiel, notamment en raison de l’essor des fermes. L’entreprise, qui s’appelait alors Harnois Groupe pétrolier, a ainsi bien prospéré jusqu’à la fin des années 1970. Jugeant que le mazout ne représentait plus d’assez belles perspectives pour ses enfants, le père de Serge Harnois, Claude, a vendu la division du mazout à un cousin.

Mettre la main à la pâte

Serge Harnois s’est toujours intéressé à l’entreprise. Parmi ses souvenirs d’enfance, il y a celui de clients qui venaient au domicile familial afin de payer leurs comptes. Après des études en ingénierie, il a obtenu un diplôme de technique administrative afin de pouvoir se charger de tâches liées aux opérations. Durant ses études au milieu des années 1980, Serge Harnois a convaincu son père d’acquérir certaines stations-service dont voulait se départir leur fournisseur Texaco. Par la suite, afin d’informatiser les activités de l’entreprise, la famille a fait appel à l’un des frères aînés de Serge Harnois, Luc. 

Fort de ce premier coup, Serge Harnois s’est inscrit à HEC Montréal afin de continuer d’approfondir sa compréhension des affaires. Il est ainsi entré au service de Harnois Groupe pétrolier à titre de répartiteur avant de passer au service des ventes. Dans les années 1990, l’entreprise a lancé la marque indépendante Harnois et étoffé son équipe de gestion en accueillant Claudine, la sœur de Luc et de Serge, qu’on a chargée du marketing.

Le trio s’est réparti les tâches jusqu’à ce que l’entreprise ait suffisamment prospéré pour qu’il puisse analyser les aspirations de chacun afin d’y répondre. Le transfert de l’entreprise s’est ainsi amorcé afin de faire place au nouveau trio de copropriétaires, dont le père demeurait disponible afin de superviser l’ensemble des activités. « L’entreprise affiche une croissance moyenne de 15 % depuis 30 ans, affirme Serge Harnois. Il a donc fallu seulement deux ou trois ans pour que notre père constate que les résultats étaient probants et qu’il pouvait se détacher des opérations. »

Croître au fil des acquisitions

Harnois Groupe pétrolier, qui n’a commencé à gérer des stations-service qu’à partir de 1986, s’est beaucoup fait connaître par ses activités dans le domaine de la distribution de produits pétroliers (sous les enseignes de Shell et de Harnois, puis d’Esso et de Pétro-T), qui ont contribué à sa croissance soutenue. En fait, 90 % de cette dernière serait attribuable, selon Serge Harnois, à l’acquisition de sites, notamment des postes d’essence, appartenant au réseau Esso et à de petits revendeurs.

L’entreprise a traversé une période de turbulences en raison de guerres de prix qui ont fait rage dans les années 1990. Ses gestionnaires ont donc décidé d’étendre les activités de celle-ci à l’extérieur de la région de Lanaudière, où elles étaient concentrées jusqu’alors. « Toutes les occasions de croître que nous avons eues avec Esso, nous les avons saisies, souligne le PDG de Harnois Groupe pétrolier. La diversification est ce qui nous a toujours permis de rester à flot, peu importe les circonstances. » À partir de 2011, l’entreprise s’est même taillé une place en régions plus éloignées en faisant l’acquisition de détaillants et de stations-service, notamment aux Îles-de-la-Madeleine, en Abitibi et au Labrador.

Harnois Groupe pétrolier, parfois sous l’enseigne Esso, parfois sous celle de Harnois (ou même de Pétro-T, acquise en 2015), a donc étendu ses tentacules partout au Québec, acquis quelques stations-service en Ontario et les entreprises de plusieurs revendeurs commerciaux au Québec et au Nouveau-Brunswick.

Croître par diversification

Serge Harnois a toujours été d’avis que pour faire en sorte que l’entreprise demeure en tête, il fallait diversifier ses activités. Pour cela, on devait étendre le territoire desservi, certes, mais aussi la gamme de produits et même d’énergies vendus.

C’est ainsi qu’en 2006, Harnois Groupe pétrolier a racheté son ancienne division de mazout domestique, dont son fondateur Claude Harnois s’était départi en 1980, et qu’elle a procédé à l’acquisition de plusieurs autres entreprises de mazout. Progressivement, elle a ensuite constitué un réseau de dépanneurs, acquis une division spécialisée dans les lubrifiants et s’est lancée dans la distribution de produits spéciaux et la vente de propane. À l’instar de son grand-père, Serge Harnois explique avoir entrepris « de vendre tout ce dont nos clients pourraient avoir besoin ».

Le président demeure cependant très lucide quant à l’avenir des produits du pétrole et, de ce fait, de celui de l’entreprise. « Il faut être ouvert d’esprit. C’est actuellement l’âge d’or de l’essence, mais ça va changer. Nous savons qu’il nous faut regarder vers l’avenir. En 1980, si nous avions continué dans le mazout, nous ne serions plus là. Ça va être lent, mais il faut penser à ce qui s’en vient. » Harnois Groupe pétrolier, qui a pris le nom de Harnois Énergies en 2018, a donc installé dix bornes de recharge pour voitures électriques dans son réseau de stations-service, la première étape du développement de stations multicarburants.

Serge Harnois et son équipe ont également ouvert en 2019 la première station multiénergie afin d’offrir de l’hydrogène à Québec. Les Harnois veulent devenir des pionniers dans ce domaine qui, davantage que l’électricité, pourrait nécessiter des infrastructures de distribution. « Nous plaçons nos billes à différents endroits pour être à l’avant-garde et pour profiter d’une longueur d’avance si ces marchés venaient à se développer. »

Croître chez soi

Si Harnois jouit d’une belle reconnaissance dans Lanaudière, le nom résonne moins en dehors de la région. C’est pourquoi le Serge Harnois compte développer la notoriété de l’entreprise dans les prochaines années et lui faire la part belle par rapport à Esso. « J’aimerais faire passer le message qu’elle est la plus grosse pétrolière indépendante — et familiale de surcroît — au Québec. Je souhaite accroître la valeur Harnois. »

Mais ce que désire plus que tout le président, c’est inspirer la fierté de s’approvisionner auprès d’une enseigne québécoise. Soutenir les entreprises du Québec est un principe cher à l’entreprise et non négociable. À ce chapitre, Serge Harnois mentionne qu’il aurait été facile depuis longtemps déjà de vendre Harnois Énergies, mais ça ne correspond pas aux ambitions de la famille. 

« Déjà, ça ne m’intéresse pas de vendre, mais en plus, à qui vendrions-nous? À quelqu’un de l’Alberta? Des États-Unis? Nous faisons des affaires pour être dans les affaires, mais il y a aussi un certain nationalisme économique qui prévaut aussi. Posséder une entreprise forte dans une région forte et dans une province forte, ça a de la valeur. C’est une belle façon d’enrichir une région. » 

Serge Harnois

C’est dans cet esprit que l’équipe de Harnois Énergies s’efforce de faire des choix conséquents dans le choix des produits vendus, même si la marge de profit est parfois un peu réduite. Ainsi, qu’il s’agisse des arachides vendues dans ses dépanneurs, du mobilier utilisé par ses employés ou des fournisseurs choisis, l’entreprise accorde une place prépondérante à ce qui est « fait au Québec », aussi bien dans ses points de vente que dans ses bureaux.

Depuis le début de la crise de la COVID-19, Harnois Énergies a dû une fois de plus s’adapter. Elle a envoyé environ 200 employés de bureau travailler chez eux en l’espace de quelques jours. Une décision dont Serge Harnois est fier, puisque personne n’a été contaminé à ce jour et que plusieurs leçons pourront être tirées de l’expérience. Le télétravail aura par exemple permis de constater que les réunions à distance sont parfois plus efficaces et que d’autres manières de penser l’aménagement des bureaux pourraient être envisagées, surtout qu’on devait agrandir bientôt l’espace alloué à ceux-ci.

« On est toujours plus confortables dans ses vieilles bottines, mais il faut savoir passer à de nouvelles. Nous traversons une période de transformation en ce moment et nous ne savons pas quelle forme tout ça prendra. Mais l’entreprise s’est toujours démarquée par sa capacité à s’adapter rapidement au changement. Tant que nous saurons faire ça et garder cette agilité, notre entreprise restera là, sous une forme ou une autre. C’est essoufflant s’adapter, ce n’est pas aisé. Mais on n’a pas d’autre choix. Devant un obstacle, on a le choix de se poser en victime ou de persévérer. Il faut toujours essayer de tirer parti de la situation. »
 

Harnois Énergies en chiffres

3 : le nombre de membres de la famille Harnois à la tête de l’entreprise
2,4 milliards : le nombre de litres d’essence vendus chaque année
Plus de 95 : le pourcentage des activités de Harnois Énergies menées au Québec