Les leçons d’une entrepreneure qui voulait devenir maman…
Le billet de Geneviève Gagnon
En 2004, tandis je démarrais mon entreprise, j’ai assisté à des tables rondes de femmes entrepreneures et j’ai constaté que plusieurs d’entre elles étaient également mères. Je me demandais comment elles arrivaient à concilier ce rôle avec la gestion de leur entreprise et tout le travail que cela représente. Pour ma part, j’étais tellement absorbée par le brouhaha causé par le démarrage de mon entreprise que je ne voyais pas comment je pourrais trouver le temps de m’occuper d’une famille.
Fonder une famille était pour moi un projet de première importance. Je me suis donc mise à réfléchir à la façon dont je pourrais trouver un associé qui pourrait prendre le relais lorsque le moment viendrait pour moi de m’éloigner un peu de l’entreprise pour fonder ma famille.
En 2005, j'ai trouvé une employée qui a fait l’affaire et qui s’intéressait à l’aventure, elle était disponible mais ne possédait pas d’expérience pertinente. Elle a commencé à travailler à temps partiel au sein de l’entreprise et de fil en aiguille, je lui ai confié de plus en plus de responsabilités en lui faisant comprendre que j’étais à la recherche d’un partenaire d’affaires. Tout ça dans l’espoir de pouvoir compter sur quelqu’un pour m’épauler dans les moments plus difficiles ou pour partager les joies et les défis de l’entrepreneuriat quand je ne serais pas en mesure de le faire.
J’envisageais le rôle de cette employée-associée à long terme. Je cherchais une façon d’assurer la loyauté de cette personne au sein de mon entreprise. Mais en 2006, la future associée m’a informée qu’elle envisageait de quitter l’entreprise quand viendrait le temps de fonder sa famille. J’espérais qu’elle changerait d’idée après un certain temps. Après tout, elle n’était pas encore enceinte, tout me semblait possible.
C’est alors que j’ai commis les trois plus importantes erreurs de mon parcours entrepreneurial. Ne pensant qu’à la survie à court terme de mon entreprise, j’ai pris une décision que j’allais amèrement regretter pour les dix prochaines années : je me suis associée avec quelqu’un qui avait l’intention de quitter bientôt l’entreprise, et ce, sans « clause de divorce » qui aurait prévu la revente de ses parts au moment de son départ. De plus, ce jour-là, ma future associée a contracté un prêt pour l’entreprise, et je me suis engagée à augmenter son salaire pour l’aider à rembourser son prêt, et ce, sans prendre en compte la capacité de paiement de l’entreprise. À la fin de 2008, mon associée m’a annoncé qu’elle était enceinte et qu’elle quittait l’entreprise.
Trouver un plan B et un plan C
En 2012, je suis devenue enceinte. J’ai dû recruter une personne rapidement, soit sept mois avant mon accouchement. Cette personne a accepté de grossir les rangs de l’entreprise et de prendre le relais pendant mon congé de maternité. Dans les circonstances, cela s’est bien passé.
Je suis à nouveau tombée enceinte en 2014. Mon employée a quitté l’entreprise au troisième trimestre de ma grossesse. J’ai alors décidé de laisser le poste vacant et d’assurer moi-même la direction générale pendant que je m’occuperais de mon nouveau-né. Cette fois, les choses se sont moins bien passées.
Pour ma troisième grossesse en 2017, j’avais quelqu’un de solide en place depuis le printemps 2016, une personne qui connaissait bien l’entreprise et l’équipe. C’était enfin le scénario idéal.
En résumé, je n’ai pas connu le scénario parfait : trouver LA personne qui allait être à mes côtés de façon permanente dans l’entreprise pour m’épauler. J’ai dû composer avec des déceptions, des imprévus et de nombreuses démissions pendant mes grossesses et après mes accouchements. Mais j’ai aussi eu d’agréables surprises. J’ai vu des gens accepter plus de responsabilités et veiller attentivement sur l’entreprise.
Heureux dénouement
Au moment d’écrire ces lignes, je n’ai aucun regret. Je suis la maman comblée de trois beaux enfants : Alicia, Octavia et Sandro. Et à la fin de 2015, j’ai enfin réussi à racheter les parts de mon ex-employée.
Ce que je peux vous dire, c’est que je suis passée au travers comme entrepreneure, grâce à ma résilience. J’ai eu le privilège découvrir sur mon parcours plusieurs employés et collaborateurs bienveillants qui ont tous su contribuer à leur façon à l’avancement de la Fourmi Bionique. Je leur suis très reconnaissante.