Agri Magic: des semences à croissance rapide
L’histoire de Véronique et Guillaume Vinet
Jean-Pierre Vinet a lancé Agri Magic au tournant de l’année 2000. Il vendait alors les semences, achetait les récoltes, entreposait et ensachait des haricots secs de couleur. Au fil des années, le développement a toutefois stagné. « Il ne réussissait pas à vendre un grand volume et avait peu de main-d’œuvre, explique Véronique Vinet. Une entreprise de l’Ontario lui a alors proposé des contrats pour entreposer et ensacher du soya et il a embarqué dans cette aventure. »
Le frère de celle-ci, Guillaume, a commencé à travailler pour l’entreprise en 2003 et a ainsi appris les rudiments du métier. « Il y avait beaucoup de temps morts, alors je travaillais aussi ailleurs pour les combler, raconte ce dernier. C’est devenu un emploi à temps plein en 2012. »
Véronique Vinet, qui gérait un resto-bar depuis 2005, est venue lui prêter main-forte en 2015. Elle a offert d’abord un soutien administratif et logistique pendant ses après-midi libres, puis elle s’est investie dans l’entreprise à temps plein, tout en gardant son autre emploi.
Croître dans le changement
Cette mission renouvelée axée sur l’entreposage et l’ensachage de soya comportait son lot d’adaptation, qui s’est faite progressivement.
Dès 2011, Agri Magic a obtenu des contrats qui représentaient environ 2 000 tonnes de soya. L’année suivante, 4 000. « Nous avons investi le profit dans d’autres silos pour accroître nos capacités d’entreposage, raconte Guillaume Vinet. Puis, nous nous sommes attaqués à l’automatisation des processus. »
Un robot ensache maintenant le soya, tâche qui était auparavant accomplie par deux employés. D’autres corvées ont été automatisées, si bien que l’entreprise a diminué la main-d’œuvre requise.
« Avant, ça prenait quatre employés sur la ligne de production, tandis qu’un seul est aujourd’hui nécessaire pour surveiller son fonctionnement », explique Véronique Vinet. Celle-ci ajoute qu’elle s’est inspirée de la méthode de gestion allégée qui consiste à optimiser les processus pour gagner du temps et de l’argent. « Ça permet d’offrir un travail à temps plein et de meilleurs salaires aux employés qui restent. »
De plus, avec l’aide de son père, véritable inventeur qui réussit toujours à améliorer les processus de production grâce à ses idées avant-gardistes, Guillaume Vinet a appris à réparer lui-même la machinerie. L’embauche d’une personne pour ce faire n’est donc plus nécessaire.
Véronique Vinet a de son côté suivi des cours de perfectionnement pour obtenir certaines certifications, notamment des certificats phytosanitaires et d’autres pour les tests de grain. Au fil des années, le volume de soya géré par l’entreprise a atteint 6 000 tonnes, puis 10 000 tonnes et enfin 15 000 tonnes. Agri Magic, qui ne comptait que quatre silos au départ, en possède maintenant 17 en plus d’un séchoir à soya.
En 2016, les affaires ont néanmoins commencé à diminuer. C’est à ce moment que Guillaume Vinet, profitant de la mission économique menée en Chine par le gouvernement du Québec, est allé explorer le marché asiatique.
« Nous trouvions qu’il était temps de recommencer à faire nous-mêmes l’exportation de nos produits, comme le faisait mon père à ses débuts. Nous avions acquis assez d’expérience pour y arriver. »
Guillaume Vinet
C’est aussi cette année-là que leur père a décidé de leur céder tranquillement les rênes de l’entreprise pour les laisser choisir la direction qu’Agri Magic devait prendre pour l’avenir. Même si leur père est demeuré présent pour les aider et les conseiller, le frère et la sœur se sont divisé le travail de gestion : ils ont convenu que Guillaume prendrait la tête de l’entreprise et se chargerait de l’exportation, tandis que Véronique serait responsable de la logistique, du contrôle de la qualité et des relations avec les producteurs du Québec.
Défricher de nouveaux marchés
En se rendant en Chine, puis au Japon, Guillaume Vinet s’est vite aperçu que le soya était une denrée convoitée dans ces pays. Or, il n’avait aucun produit à vendre, puisque l’entreprise se procurait jusqu’à maintenant son soya un peu partout.
« En procédant ainsi, on ne tombe jamais sur la même variété et ça peut changer la protéine et l’huile, explique-t-il. Lorsque tu proposes ta propre variété, tu t’assures d’une qualité, et c’est plus facile à vendre. »
Les gestionnaires ont donc entrepris de semer trois variétés qu’ils pourront ensuite récolter et vendre par eux-mêmes sur ces marchés. « J’ai déjà rencontré les dirigeants de plusieurs entreprises intéressées et je n’aurai qu’à retourner les voir lorsque j’aurai le produit en main », ajoute Guillaume Vinet, qui a commencé à apprendre le japonais pour l’occasion.
Depuis, ce dernier a conclu un contrat en Autriche, grâce à des relations établies ici. Pour le moment, seulement 10 % des revenus d’Agri Magic proviennent de la vente directe; le reste est issu du conditionnement et de la sous-traitance. Toutefois, les gestionnaires comptent développer de plus en plus ce marché d’exportation dans les cinq prochaines années.
Pour s’y préparer, Véronique Vinet a apporté de nombreuses améliorations au sein de l’entreprise. « On a installé des systèmes de caméra partout afin de vérifier les machines, peu importe où on se trouve, mentionne la vice-présidente. Si un problème survient une fois les produits en Chine ou au Japon, on peut ainsi savoir s’il provient de chez nous. »
À cela s’ajoutent un système de vrac et des cellules de charge sur les silos qui permettent de mesurer avec exactitude les quantités du soya propre et du soya endommagé.
Depuis le développement des affaires à l’étranger, les choses bougent vite pour Agri Magic. « Nous projetons de bâtir des silos supplémentaires pour répondre à la demande et possiblement embaucher d’autres employés », déclare Guillaume Vinet.
L’entreprise en chiffres
3 : le nombre de marchés qu’Agri Magic compte percer prochainement (Chine, Japon et Autriche), sans compter les autres marchés dans sa mire en Europe comme en Asie
13 000 : le nombre de tonnes de soya qui peuvent être stockées dans les 17 silos
1 000 : le nombre de tonnes de soya que peut contenir en moyenne un silo
100 000 : le coût moyen de la construction d’un silo
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