DERYtelecom: occuper le territoire
L’histoire de Nathalie Gagnon
Après ses études en marketing, Nathalie Gagnon travaillait dans le domaine du développement économique lorsque DERYtelecom l’a invitée à se joindre à l’équipe de direction qu’elle mettait en place en 2005. L’entreprise comptait alors seulement une quarantaine d’employés répartis dans l’administration, l’ingénierie, le service et le soutien techniques, et le service à la clientèle.
« C’était le patron qui faisait la publicité sur le coin d’une table, se remémore la directrice des communications et du marketing, et aucune promotion n’était organisée. L’entreprise évoluait dans un petit milieu, ce n’était pas la même dynamique qu’à Vidéotron. »
SE POSITIONNER DANS LE MARCHÉ QUÉBÉCOIS EN TRANSFORMATION
À cette époque, les Facebook de ce monde n’existaient pas encore, et on assistait aux balbutiements d’Internet. Même si Internet haute vitesse (dont le débit était alors de 5 mégabits par seconde) commençait à remplacer l’accès Internet téléphonique, ce dernier était encore utilisé par un bon bassin de clients. Les gens migraient aussi vers le décodeur pour s’abonner au service de la télévision.
Il était devenu essentiel pour l’entreprise de se positionner dans le marché québécois afin de tenir compte des progrès technologiques. Elle a ainsi procédé à des embauches stratégiques — un ingénieur, un contrôleur et un ingénieur en TI — pour se donner les moyens de grandir.
« Auparavant, il fallait compter 10 bonnes années avant que les technologies des centres-villes pénètrent les régions, où l’adoption de nouveautés se fait beaucoup plus lentement en raison de l’âge moyen de la population, souligne-t-elle. Ce délai est passé à deux ou trois ans. »
Elle explique en effet que le délai d’adoption est intimement lié au contexte de dévitalisation des milieux ruraux. Comme les jeunes partent étudier ou travailler dans les grandes villes, et que ce sont eux qui adoptent plus rapidement ces technologies, ces dernières mettent généralement plus de temps à être utilisées par la population plus âgée des régions.
DE GESTIONNAIRE À ASSOCIÉE
En 2016, Nathalie Gagnon s’est associée à ses collègues directeurs Bryan Godbout, Cédric Tardif et Éric Banville pour prendre la relève de l’entreprise fondée il y a 65 ans. Ils continuent de faire profiter DERYtelecom de leur expertise dans les domaines du marketing et de l’expérience client, de la direction générale, des TI et des opérations, respectivement. Cette mixité de savoir-faire non seulement profite à l’entreprise, mais elle réussit aux associés, qui peuvent se réaliser dans leur domaine.
« Les dirigeants en place avaient commencé à préparer leur relève en 2013, sans toutefois nous en parler », mentionne-t-elle. Ce processus, qui a duré trois ans, a mis à l’épreuve les capacités de leadership des futurs propriétaires. « Malgré notre surprise de nous voir offrir cette occasion, notre équipe de gestion actuelle a porté la croissance de l’entreprise, qui s’est inscrite en continuité avec l’expertise de chacun. »
Si le sens des responsabilités vient de facto avec le rôle de gestionnaire, l’actionnariat l’amplifie selon Nathalie Gagnon.
« Quand nous prenons une décision, elle a une incidence sur les 400 familles qui sont avec nous. Le pendant de cette responsabilité est toutefois la grande latitude dont nous bénéficions pour réaliser nos propres projets. »
Nathalie Gagnon
CROÎTRE D’UN TERRITOIRE À L’AUTRE
L’acquisition de Câble Axion en 2007 a véritablement marqué le début de la croissance de DERYtelecom. « Nous avons acquis plus grand que nous! » En effet, ce câblodistributeur, établi à Magog, a permis à DERYtelecom de doubler son nombre d’abonnés. « Cela représentait tout le territoire au sud de l’autoroute 20 : Chaudière-Appalaches, Nouvelle-Beauce, Lac-Mégantic en Estrie et la Montérégie. »
La même année, DERYtelecom lançait la téléphonie par câble, une nouvelle technologie qui venait concurrencer l’offre de gros joueurs comme Bell et TELUS.
De nombreuses autres acquisitions, plus petites, se sont succédé, si bien que l’entreprise a enregistré une croissance de 15 % chaque année après ce moment charnière.
Le nombre d’employés du fournisseur de télécommunications est passé de 40 à l’arrivée de Nathalie Gagnon à 430. Le territoire desservi au début se limitait alors à Portneuf, à La Baie au Saguenay et à Baie-Saint-Paul dans Charlevoix, mais il s’étend aujourd’hui sur 13 régions, englobant ainsi 267 municipalités de Gatineau aux Îles-de-la-Madeleine.
« Cela représente 175 000 foyers québécois, 90 000 factures client et plus de 200 000 services client — dans le domaine, l’unité service client correspond à un service vendu à un client. »
L’entreprise a en outre fourni un accès Internet haute vitesse à plus de 100 000 foyers. La haute vitesse atteint actuellement 30 mégabits par seconde, mais on prévoit de la faire passer prochainement à 50 mégabits par seconde.
« Pour saisir l’ampleur de l’investissement privé, il suffit de comparer ces chiffres à ceux du gouvernement du Québec qui souhaitait fournir un accès Internet haute vitesse à 240 000 ménages pour 400 millions de dollars. »
Dans un contexte de faible densité de population et d’étalement urbain, le défi pour la société de télécommunications consiste à proposer les mêmes services dans les régions que dans les centres urbains et à des prix concurrentiels. « Pour 300 portes, nous devons parfois couvrir des kilomètres et des kilomètres, souligne-t-elle. C’est néanmoins cette expertise qui nous permet de contribuer au branchement des régions et de créer des emplois dans des régions où c’est plus difficile. »
En plus de ses points de service et entrepôts répartis dans les 13 régions, DERYtelecom compte des bureaux plus importants à Saint-Raymond dans la MRC de Portneuf et à Sainte-Marie en Beauce, à Magog, sans oublier son siège social établi à La Baie qui emploie environ 250 personnes.
L’ENTREPRISE EN CHIFFRES
- 13 : le nombre de régions desservies par DERYtelecom
- 430 : le nombre actuel d’employés
- 15 : le pourcentage de croissance depuis 2007