Pour le télétravail, « la communication est essentielle »

Entrevue avec Katie Bussières

Jeudi 26 mars 2020

Les entreprises s’habituent à vitesse grand V à la réalité du télétravail et à la gestion virtuelle. Devenir entrepreneur s’est entretenu avec des gestionnaires d’entreprises rompus à ce mode de gestion. Voici les réponses de Katie Bussières, présidente-directrice générale de l’entreprise Nubik, qui se spécialise dans l’implantation de solutions d’affaires infonuagiques (notamment de Salesforce et de FinancialForce) et dont le fonctionnement repose depuis sa création sur le télétravail.

Si vous n’aviez qu’un conseil pour les entrepreneurs qui débutent avec le télétravail, quel serait-il?

Il faut se comporter de la même façon avec ses employés en télétravail qu’au bureau. Par exemple, en temps normal, à la fin d’une journée dans un bureau, on ne cherche pas nécessairement à savoir ce que chaque membre de l’équipe a fait. On lui fait confiance. L’approche doit être la même pour le télétravail. Il faut gérer la performance de son équipe de la même façon. En fait, les gestionnaires tiennent souvent pour acquis le rendement des employés qui travaillent dans l’entreprise. Pourquoi en serait-il autrement pour ceux qui télétravaillent? Il est primordial d’apprendre à gérer son équipe selon les résultats plutôt que le nombre d’heures travaillées.

Sur quoi s’appuie la continuité des affaires dans la gestion à distance?

La communication est essentielle. Même à distance, le flux des échanges doit être régulier.

Auriez-vous des conseils pratiques pour assurer la cohésion de l’équipe et l’exécution du travail?

Lorsque l’on passe au télétravail, la réorganisation des rencontres devrait être une priorité. En plus de planifier une réunion hebdomadaire avec son équipe, je conseille de se réserver une demi-heure par semaine pour « rencontrer » individuellement chaque membre de celle-ci. Cela permet de faire le point avec chacun sur ses objectifs et ses difficultés éventuelles, de communiquer des nouvelles ou de prendre de ses nouvelles tout simplement. Autrement dit, il s’agit de réserver du temps de qualité à chaque personne. Les discussions informelles étant moins fréquentes, ces « rencontres » deviennent d’autant plus importantes. Quand l’équipe compte plus de deux niveaux hiérarchiques, il est aussi judicieux d’organiser une réunion mensuelle avec les personnes qui relèvent des membres de son équipe. On peut opter pour des réunions individuelles ou en petits groupes. Enfin, je recommande aussi de tenir une réunion de mise à jour tous les trois mois avec les gestionnaires.

Et sur le plan technique?

Le degré de transformation numérique de l’entreprise est un élément déterminant pour la gestion du télétravail. Télétravailler sans les bons outils, c’est comme essayer de construire une maison avec un simple tournevis. Concrètement, on doit mettre en place un bon système de communication avec fonction de vidéoconférence. J’insiste sur l’importance de l’aspect visuel ici : on ne doit pas en sous-estimer les effets sur les employés. Sur le plan humain, voir ses interlocuteurs alimente le sentiment d’appartenance et atténue la solitude qu’on peut ressentir, notamment quand on travaille seul toute la journée. Comme elle conserve la dimension non verbale de la communication, la conversation vidéo se rapproche beaucoup plus de l’échange en personne que de la conversation téléphonique. Finalement, on doit veiller à ce que les employés puissent accéder aisément aux données et autres ressources de l’entreprise. (Les applications infonuagiques, entre autres, facilitent le télétravail.)

En terminant, comment un gestionnaire peut-il assurer un bon leadership à distance?

Je dirais qu’un bon gestionnaire n’est pas un gardien du temps ni du rendement, mais plutôt un agent mobilisateur, un motivateur, un accompagnateur, un mentor — et c’est vrai pour toute entreprise. Ce style de leadership est un facteur de succès du télétravail.

 

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