Être une mère en affaires

Le billet de Christine Marcotte

Vendredi 4 mai 2018
Lorsque j’ai fondé le Réseau des Mères en Affaires (RMA), le syndrome de l’imposteur était tellement important chez moi que j’ai organisé ma première activité de réseautage le soir de mon anniversaire en me disant que, dans le pire des cas, j’allais voir mes amies et que je ne me retrouverais pas seule. À ma grande surprise et grâce à un site Web que j’avais fait par moi-même en plus d’un événement Facebook, plus de 45 mères en affaires se sont présentées, et j’en connaissais seulement une dizaine!

Donc, depuis le 8 octobre 2014, c’est 20 régions qui sont desservies par le RMA. Formations, ateliers, conférences… Tout pour outiller les mères entrepreneures à relever tous les défis qui pourraient se présenter à elles dans leur aventure entrepreneuriale... et familiale!

Parmi les gens d’affaires, les mères en affaires forment une catégorie à part. La plupart d’entre elles se lancent dans les affaires afin de mieux concilier travail et famille grâce à des horaires plus flexibles, car la famille, c’est une PME en soi! Et comme pour n’importe quel entrepreneur, l’argent est souvent le nerf de la guerre. La maman en affaires doit se démarquer et faire sa place encore plus dans ce milieu parfois difficile; les rencontres du RMA aident énormément en raison des contacts humains privilégiés qu’elles favorisent.

D’ailleurs, une des choses qui m’a donné l’idée de fonder le Réseau des Mères en Affaires, c’est le contact humain — le vrai. Je voulais créer des liens d’affaires aussi forts que des liens d’amitié, vraiment apprendre à connaître l’entrepreneur et pas seulement l’entreprise qu’il gère, pouvoir être moi-même. Je suis une mère qui ne peut pas participer à un déjeuner toutes les semaines, car je dois m’occuper de mes quatre enfants le matin avant d’aller les conduire à l’école et la garderie. Je suis aussi une femme d’affaires qui a de la difficulté à inscrire dans son horaire un cinq à sept au centre-ville, car c’est l’heure du souper, des devoirs et du bain des enfants. Je peux faire une brassée de lavage en répondant à mes courriels, aller aux rendez-vous médicaux des enfants et recommencer à travailler une fois qu’ils sont au lit pour la nuit. 

Diplômée du Cégep de Jonquière en arts et technologies des médias, j’utilise tous les jours mes connaissances en communication dans mon entreprise : création d’une capsule Sur la route Show sur YouTube pour faire découvrir des mères en affaires de partout au Québec, écriture d’un livre sur la conciliation travail-famille pour le travailleur autonome et publication d’articles de blogue. Je marie mes deux passions : communication et événements! 

Ma défunte entreprise Mademoiselle en boîte m’a permis d’acquérir une expérience en logistique et d’apprendre énormément sur l’entrepreneuriat. Le coffret beauté mensuel, qui était livré à domicile, m’a même amenée à faire un voyage d’affaires à Paris! Rencontrer les gens de l’industrie de la beauté et de la mode, créer des partenariats commerciaux mutuellement bénéfiques, quelle belle expérience!

J’ai aussi beaucoup appris pendant les neuf années passées au sein du club de football Les Alouettes de Montréal, où j’ai gravi les échelons un à un. Le travail d’équipe, les victoires, la coupe Grey, l’amère défaite de Montréal en 2007… Le club s’est révélé une excellente école, même si je ne travaillais pas à mon compte. Et c’est pendant ces années que j’ai connu la maternité avec mes trois premiers enfants, trois magnifiques garçons.

La maternité m’a permis de fonder ma première entreprise, La Souris Coquine — événements 100 surprises, grâce à laquelle je coordonnais des événements de toutes sortes : mariages, fêtes d’enfants, partys de bureau. Cette entreprise, que j’ai dirigée de 2009 à 2015, m’a permis de subvenir en partie aux besoins de mes enfants pendant que j’accompagnais vers son dernier repos ma mère, mon héroïne, que le cancer a emportée en six mois, alors qu’elle n’avait que 57 ans. C’est bizarre à dire, mais sans cette expérience de vie, le RMA n’existerait peut-être pas. 

Ayant quitté les Alouettes pour m’occuper de ma mère et être présente auprès de mon père, j’aidais celui de mes fils à subvenir à nos besoins grâce aux faibles revenus que je tirais de mon entreprise de coordination événementielle. C’est après avoir fait le tour de cette clientèle que m’est venue l’idée du RMA, étant moi-même une mère en affaires. 

Au quotidien, être une mère en affaires n’est ni plus simple ni plus difficile, mais complètement différent. Oui, on peut choisir son horaire, mais comme on finit souvent par accorder la priorité aux enfants, on travaille régulièrement très tôt le matin et tard le soir. La charge mentale de la mère entrepreneure est souvent plus élevée puisqu’en plus de son entreprise, elle gère sa famille. Il est souvent difficile de composer avec le stress financier étant donné qu’il y a des bouches à nourrir. 

Alors, pouvoir se réunir une fois par mois sans contrainte liée au territoire ou à l’exclusivité de l’entreprise, rencontrer des femmes vivant la même réalité, créer des liens d’affaires qui se transforment très souvent en amitié et profiter de formations pour améliorer son entreprise, tout ça rend l’aventure de l’entrepreneuriat agréable! 

Le congrès annuel du RMA en est une des plus belles preuves! La 4e édition aura lieu les 19 et 20 octobre 2018 et, chaque année, le nombre de participantes double. Durant 36 heures, les femmes d’affaires de partout au Québec se réunissent pour assister à des conférences et penser à elles-mêmes! Investir en soi est l’une des choses les plus difficiles que la mère en affaires est amenée à vivre, mais il est très important qu’elle comprenne qu’elle est le pilier de son entreprise, de sa vie, de sa famille. Prendre soin d’elle, investir dans sa formation et se reposer doit être une priorité.

Je me sens donc investie de la mission d’éduquer les mères en affaires des quatre coins du Québec et de les outiller pour faire en sorte qu’elles soient de plus en plus nombreuses à rayonner et à se démarquer! 

Envie d’en savoir plus?

Visitez le site du Réseau des Mères en Affaires