Laiterie Chalifoux : 4 générations d’entrepreneurs
L’histoire d’Alain Mélanie et Maxime Chalifoux
Aujourd’hui, les clients n’appellent plus chez Mélanie Chalifoux. La laiterie n’occupe pas moins de place dans sa vie pour autant, puisque l’ingénieure de 41 ans a repris les rênes de l’entreprise en 2009 avec son cousin Alain Chalifoux. Le frère de celui-ci, Maxime Chalifoux, s’est joint à eux en 2014. Il s’agit de la quatrième génération à se succéder à la tête de l’entreprise familiale, qui commercialise du fromage, du yogourt et du lait sous la marque Riviera.
En 2009, la Laiterie Chalifoux était à la fois trop grosse pour se comparer aux fromageries artisanales et trop petite pour concurrencer les géants de la transformation laitière. Conséquence : le chiffre d’affaires stagnait depuis des années à 34 millions de dollars. « Si on considère l’inflation, ça veut dire qu’on reculait », souligne Alain Chalifoux, aujourd’hui président de l’entreprise.
Pour sortir la laiterie de ce marasme, les dirigeants étaient persuadés que la solution consistait à la développer. « On s’est relevé les manches et on a foncé », dit Mélanie Chalifoux, qui est directrice de la planification et des approvisionnements.
Passer à l’action
Première étape : procéder à une mise à jour technologique. Les installations les plus récentes dataient alors de 1989. Des dizaines de millions de dollars ont ainsi dû être investis afin d’optimiser la production.
« Nous avons toujours focalisé notre attention sur la production », souligne Maxime Chalifoux, directeur des Délices Riviera inc. « Mais on avait une faiblesse, ajoute son frère Alain. On avait une marque, Riviera, qu’on n’utilisait pas à son plein potentiel. » C’est pourquoi, poursuit Maxime Chalifoux, l’entreprise a fait appel à une expertise en marketing.
La seconde étape a donc consisté à recruter Martin Valiquette, qui était employé par Liberté. La famille Chalifoux lui a confié la direction générale en 2014. « Ça n’a pas été facile de donner les rênes à quelqu’un qui n’est pas de la famille, reconnaît Maxime Chalifoux. Il a fallu piler sur notre orgueil, mais l’initiative s’est avérée bénéfique pour notre entreprise. »
La troisième et dernière étape a été de trouver une façon de faire face au traité de libre-échange entre le Canada et l’Europe qui menaçait l’entreprise. Au cours des cinq prochaines années, ce traité permettra à 17 millions de kilos de fromages européens supplémentaires de faire leur entrer sur le marché canadien. Ce seront en grande partie des fromages à pâte ferme, une catégorie qui représente près de 70 % du chiffre d’affaires de la Laiterie Chalifoux.
Pour diversifier les revenus, les dirigeants ont donc accueilli un nouvel actionnaire minoritaire dans l’entreprise familiale en 2015 : la coopérative française Alsace Lait. Celle-ci se spécialise dans les produits « ultrafrais », tels que des yogourts, de la crème fraîche et du fromage blanc, lesquels représentent un marché saturé en Europe, mais émergent en Amérique du Nord.
Mieux encore : ce sont des produits qui, en raison de leur durée de conservation, peuvent difficilement être importés. En profitant des connaissances d’Alsace Lait, la Laiterie Chalifoux a pu développer ce nouveau marché sans craindre la concurrence européenne.
Le plan des Chalifoux porte aujourd’hui ses fruits. Les installations modernisées, combinées au savoir européen et à la vision des dirigeants, ont permis à l’entreprise de créer plus de 50 nouveaux produits en deux ans! Parmi ceux-ci, on retrouve les yogourts présentés dans de petits pots en verre, qui connaissent un succès fou partout au Canada. Le chiffre d’affaires, lui, avoisine désormais les 70 millions de dollars, soit près du double de celui réalisé durant la période de stagnation. Et ce n’est qu’un début préviennent les trois entrepreneurs!
Impliquer la famille
Malgré la transformation en cours à la Laiterie Chalifoux, les dirigeants n’oublient pas les origines de l’entreprise familiale. Une ou deux fois par année, ils tiennent un « conseil de famille » afin d’informer et d’écouter les anciens propriétaires… et les futurs!
Le fils d’Alain Chalifoux, qui a 28 ans, siège déjà au conseil de l’entreprise. À 14 ans, l’aîné de Mélanie Chalifoux s’y joindra sous peu. Et l’aîné de Maxime Chalifoux, qui n’est âgé que de 10 ans, ne cesse de demander à son père quand il pourra commencer à travailler dans l’entreprise. Visiblement, une cinquième génération de Chalifoux semble déterminée à prendre la relève.
L’entreprise en chiffres
- 100 000 : le nombre de litres de lait transformés chaque jour par la Laiterie Chalifoux
- 200 : le nombre d’employés
- 10 : les provinces où les produits de la Laiterie Chalifoux sont vendus
- 100 : l’âge qu’aura l’entreprise familiale en 2020
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