BiogeniQ: la passion de l'entrepreneuriat scientifique

L'histoire d'Étienne Pageau-Crevier

Mardi 29 novembre 2016
Étienne Pageau-Crevier rêvait d’intégrer le code génétique des patients d’ici et d’ailleurs dans leur dossier médical, comme c’est le cas pour les allergies et le groupe sanguin. Du haut de ses 23 ans, il a fondé BiogeniQ qui est devenue une référence au pays. Gros plan sur une entreprise biotechnologique qui a l’intention d’opérer une petite révolution dans le monde de la santé.

Étienne Pageau-Crevier rêvait d’être chercheur, mais lorsque son père est mort d’une crise cardiaque en 2012 après avoir pris un médicament pourtant efficace dans 60 % des cas, il a reçu la nouvelle comme une gifle. « Pourquoi n’avait-on pas effectué des tests d’ADN? », s’est-il demandé alors qu’il étudiait au doctorat en génétique. Un an plus tard, il a décidé de faire bouger les choses en fondant BiogeniQ,la première entreprise de génétique au Québec.

L’entrepreneur de 28 ans avoue en regardant dans son rétroviseur que ses débuts ont été ponctués d’échecs. Lorsqu’il s’est présenté devant Anges Québec pour tester son pitch sans plan d’affaires, il a essuyé quelques critiques. « Je me suis fait démolir. », raconte-t-il. Mais au lieu de se laisser abattre, il a pris des notes et fait ses devoirs. « J’ai rappelé les gens du panel qui m’avaient formulé des commentaires et je leur ai demandé de m’épauler dans ma démarche », explique-t-il.

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La persévérance est généralement payante! En 2014, son partenaire, le Dr Michel Cameron, et lui ont remporté le grand prix national Innovations technologique et technique du Défi OSEntreprendre. Cette récompense allait valider son désir de se consacrer pleinement à son projet.

La technologie au service de la santé

Aujourd’hui, l’entreprise a développé quatre tests de collecte de salive, en vente libre, qui ciblent différents éléments de la santé : les médicaments (profil pharmaceutique), l’alimentation, la dépression et le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH). Par exemple, en prélevant un échantillon de salive, BiogeniQ peut déterminer si un médicament est adapté aux besoins particuliers d’une personne. « On a commencé dans des domaines de niche pour répondre à des problèmes précis. », explique Étienne Pageau-Crevier.

« Il y avait une occasion d’affaires. On a d’abord développé le profil pharma pour éviter aux patients d’éventuels effets secondaires, améliorer leur qualité de vie et parfaire l’efficacité des médicaments pour les patients. »

Étienne Pageau-Crevier

L’exemple du gluten est éloquent selon l’entrepreneur. Beaucoup de gens affirment vouloir diminuer leur consommation de gluten au quotidien alors que seulement 3 % de la population souffre de la maladie cœliaque. Avec BiogeniQ, il est possible de déterminer si une personne porte le gène de la maladie sans changer son alimentation avec un simple prélèvement de salive.

Plus de 2000 tests ont également été développés par BiogeniQ pour évaluer l’incidence génétique de certains médicaments et de traitements de chimiothérapie, mais doivent être prescrits par un médecin.

Les résultats des tests sont inscrits au dossier du patient et remis à un professionnel de la santé qui pourra, par exemple, revoir la posologie d’un médicament ou proposer quelques changements au régime alimentaire. Des partenariats sont également mis en place avec d’autres spécialistes pour centraliser tout le dossier du patient au même endroit. De Montréal à Chibougamau, Étienne Pageau-Crevier souhaite proposer une offre combinée en santé.

« On veut être la plus grande société de génétique au Canada, pas un laboratoire, mais bien une entreprise qui offre une valeur ajoutée au patient. »

Une croissance qui passe par l’international

BiogeniQ entend continuer son expansion déjà bien entamée avec une percée dans des pays germanophones comme l’Allemagne, l’Autriche et la Suisse. Étienne Pageau-Crevier compte s’attaquer à des marchés comme la Lituanie, l’Estonie et Israël où la concurrence est pratiquement inexistante.

« On n’est pas encore implanté en Chine, mais j’y étais au mois de septembre. Un entrepreneur ne doit pas se demander s’il doit aller en Chine, mais plutôt quand il ira! », lance Étienne Pageau-Crevier sur un ton rieur.

BiogeniQ entend poursuivre sa croissance, mais jamais aux dépens de l’éthique. Un comité scientifique indépendant et des validations cliniques permettent à l’entreprise de s’assurer que sa technologie fonctionne. « Si jamais on déviait de nos lignes directrices, ce serait la fin de l’entreprise. On ne prend aucun risque. »

BiogeniQ en chiffres

20 : le nombre d’employés
373 : le nombre de points de service
2100 : le nombre de tests BiogeniQ pouvant être prescrits
4 : le nombre de tests en vente libre

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