GHGSat: l’espace au service de l’environnement

L’histoire de Stéphane Germain

Vendredi 25 mai 2018
Stéphane Germain souhaitait depuis toujours faire une utilisation commerciale de l’espace pour améliorer la vie sur Terre. Aujourd’hui, son entreprise GHGSat s’impose comme un chef de file mondial en télédétection d’émissions de gaz à effet de serre.

Lorsque le Québec a annoncé en 2010 qu’il comptait adhérer à un système de plafonnement et d’échange de droits d’émission de carbone avec la Californie, Stéphane Germain a flairé la bonne affaire. Depuis l’entrée en vigueur de ce marché du carbone, les industriels qui produisent des gaz à effet de serre (GES), comme le dioxyde de carbone et le méthane, sont taxés au-delà d’un certain seuil d’émission. C’est ce qu’on appelle le principe de pollueur-payeur. « Soudainement, il y avait un réel intérêt pour mieux mesurer ces émissions, chez les pétrolières certes, mais aussi dans plusieurs autres industries », raconte l’homme de 47 ans.

 À l’époque, Stéphane Germain venait d’acheter une entreprise active dans le secteur de l’astronautique. Ingénieur physique de formation, il possède une impressionnante feuille de route dans ce domaine pointu dans lequel il exerce depuis plus de vingt ans. « J’étais alors à la recherche active de possibilités commerciales, se souvient-il. J’ai toujours voulu distribuer des technologies spatiales qui amélioreraient la situation sur Terre. » Grâce à ce rachat stratégique, il espérait pouvoir offrir des services de surveillance des émissions de GES à l’aide d’un satellite en orbite autour de la planète bleue.

 Les avantages de la télédétection par rapport aux techniques de mesure au sol sont nombreux. La mesure satellitaire est considérablement plus précise et de 25 % à 50 % moins coûteuse. Qui plus est, elle peut être effectuée toutes les semaines plutôt qu’une seule fois par année. Concrètement, le satellite est doté d’un spectromètre miniature qui mesure la lumière absorbée par les gaz à échantillonner dans l’atmosphère. « Chaque gaz est doté d’une empreinte spectrale qui lui est propre, explique l’homme d’affaires. La mesurer permet de déterminer la quantité de gaz présente dans un certain périmètre. » 

Dans la pratique

Concrètement, GHGSat a d’abord dû faire la preuve de son concept. Plus simple à dire qu’à faire. « Dès nos débuts, nous avons dû structurer une offre de services pour partir à la rencontre de centaines de clients potentiels afin d’évaluer la demande », se souvient-il. Puis, il y a eu la ronde de financement, un exercice périlleux qui consistait à démontrer le sérieux de la démarche.

« Ne pénètre pas qui veut dans le domaine de l’espace. C’est en partie pourquoi j’ai racheté une entreprise : c’était la seule façon d’être pris au sérieux. J’ai “créé” ma chance.»

Stéphane Germain

Après avoir frappé à plusieurs portes, GHGSat a reçu du financement de Technologies du développement durable Canada et du programme provincial Technoclimat. En 2013, l’entreprise a enfin pu commencer à mettre au point un prototype. Il lui a fallu deux ans de travail accéléré pour franchir l’ensemble des étapes de production, depuis la conception de l’objet jusqu’à sa mise à l’épreuve en passant par sa fabrication. Le lancement dans l’espace du satellite, gros comme un four à micro-ondes, a finalement eu lieu en juin 2016, en Inde.

 Il a été appelé Claire, en honneur de la fille de l’un des collaborateurs du projet. « Nous aimons penser que nous contribuons à améliorer le sort de la planète et des futures générations qui y habiteront — bref, l’avenir de nos enfants, révèle Stéphane Germain. Nommer ainsi le satellite nous rappelle notre mission au quotidien. »

 

Objectif : monde

Aujourd’hui, GHGSat compte une dizaine de clients au Canada, aux États-Unis et en Australie. La majorité d’entre eux ne sont pas situés dans un territoire doté d’un marché du carbone, comme c’est le cas au Québec, en Californie et, depuis peu, en Ontario. « C’est souvent pour mieux comprendre leurs propres émissions de GES en prévision de l’entrée en vigueur éventuelle d’un tel système qu’ils nous approchent — c’est vous dire les enjeux », affirme Stéphane Germain, qui souhaite étendre à l’échelle de la planète son offre de services en matière d’écotechnologie.

  Parmi les clients actuels de l’entreprise, on retrouve le gouvernement de l’Alberta, une province réputée pour son importante concentration de mines de sables bitumineux. GHGSat y a d’ailleurs inauguré de nouveaux bureaux au début de 2018 afin de mieux servir la province. « Le gouvernement est à la recherche de technologies susceptibles de l’aider à réduire ses émissions de méthane, entre autres gaz. Il finance la mise au point de nos prochains satellites, mais aussi d’une version aéronautique de notre technologie. »

GHGSat en chiffres

15 : le nombre d’employés de GHGSat
6 : le nombre de chiffres que compte le chiffre d’affaires de GHGSat
90 : le pourcentage des émissions de GES produites par le méthane et le dioxyde de carbone

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Visitez le site web de GHGSat