Feldan Therapeutics : exploiter un créneau porteur
L’histoire de François-Thomas Michaud
Cette jeune entreprise de Québec a mis au point une technique unique au monde qui permet d’introduire des protéines dans des cellules afin de modifier ces dernières et de les entraîner à tuer des cellules cancéreuses, par exemple.
Près de dix ans après ses débuts, la petite entreprise côtoie aujourd’hui les plus grands. Depuis quelques mois, elle collabore avec une grosse société biopharmaceutique américaine afin d’insérer des anticorps dans des cellules.
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Feldan travaillait déjà avec une entreprise anglaise spécialisée dans les anticorps. « En associant l’expertise de notre partenaire anglais à notre technique d’injection de protéines recombinantes, nous avons pu approcher la société biopharmaceutique, explique François-Thomas Michaud. C’est une façon d’innover et d’aller plus vite, car produire des anticorps serait trop long et coûteux pour nous, puisque ce n’est pas notre expertise. »
Pas question d’échouer
Tout a commencé en 2007 alors que François-Thomas Michaud était doctorant en génie chimique à l’Université Laval. Avec son acolyte François Drouin, qui a depuis quitté Feldan, il a décidé de fabriquer des protéines et de les vendre à des entreprises qui en ont besoin pour leurs travaux de recherche et de développement. « Notre directeur de recherche l’avait déjà fait par le passé, alors je savais qu’il y avait un marché. Et puis on n’avait pas grand-chose à perdre; donc, autant essayer, raconte-t-il. J’ai toujours eu dans l’idée de créer une entreprise, car j’aime être indépendant et mener un projet à terme. »
Même si faire le saut en entrepreneuriat est venu naturellement pour François-Thomas Michaud, la situation s’est corsée lorsque les deux étudiants ont quitté le cocon de l’université pour s’installer dans leurs propres locaux, en 2008. Ayant gagné un concours d’entrepreneuriat et bénéficié du soutien d’un centre local de développement, ils ont pu acheter, au début de leur aventure, l’équipement nécessaire à la fabrication de protéines. Cependant, les ventes n’étaient pas toujours au rendez-vous et la jeune pousse demeurait fragile. « Dès qu’on faisait un mauvais coup, on n’était pas loin de la faillite, se rappelle-t-il. L’aventure a failli se terminer trois fois. »
Heureusement, François-Thomas Michaud est persévérant. « Je me disais que, tant que je pouvais continuer, j’allais essayer de le faire, souligne-t-il. Il ne faut pas aimer perdre! »
François-Thomas Michaud explique comment tirer profit de ses erreurs en affaires.
L’innovation, un passage obligé
En 2010, grâce aux ventes de protéines, Feldan a pu commencer à travailler parallèlement à la mise au point de sa technique d’introduction de protéines dans des cellules. Après trois ans d’essais et d’erreurs, François-Thomas Michaud et son équipe y sont parvenus. En franchissant cette étape, Feldan, qui évolue dans un créneau particulier, a fait un pas important. « Dans le domaine des biotechnologies, une entreprise est peu valorisée si elle ne vend que des protéines, explique-t-il. Si elle possède une technique qui lui est propre, sa valeur augmente. Elle peut alors intéresser de grosses sociétés biopharmaceutiques et des fonds de capital de risque. »
L’année 2010 a également marqué le début des rondes de financement pour Feldan. L’entreprise a d’abord obtenu des capitaux du fonds FIER et elle a été financée plusieurs fois depuis 2011 par Anges Québec et Anges Québec Capital.
« Montrer toute la passion et la volonté d’aller jusqu’au bout qui animent Feldan a pu faire la différence aux yeux des investisseurs. Le potentiel d’une entreprise a beau être là, ils se demandent toujours qui est l’entrepreneur derrière celle-ci. »
François-Thomas Michaud
La force du collectif
Autre ingrédient du succès : l’équipe multidisciplinaire que François-Thomas Michaud a mise sur pied. Parmi sa vingtaine de salariés, Feldan compte aussi bien des microbiologistes et des ingénieurs biochimiques que des professionnels des domaines de la biologie des plantes et des technologies médicales. « Ils possèdent des façons différentes de penser et de se questionner, dit-il. Cette complémentarité nous a permis d’avancer. »
Recruter des scientifiques aux compétences variées ne suffisait pas. L’entreprise de Québec a aussi dû mobiliser ses cerveaux afin qu’ils travaillent tous dans la même direction. « J’ai toujours misé sur la confiance plutôt que sur la microgestion des employés, précise François-Thomas Michaud. Je tiens à ce que Feldan reste un endroit où il est agréable de travailler. » D’étudiant à entrepreneur, François-Thomas Michaud a appris les aléas du métier sur le tas et continue de bâtir une entreprise technologique à son image.
L’entreprise en chiffres
25 : le nombre d’employés à temps plein
De 3000 à 5000 : la fourchette de prix de 1 mg de protéines recombinantes
6,5 : le financement en millions de dollars obtenu grâce aux 7 rondes de financement auxquelles s’est livrée Feldan depuis 2010
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