Fillactive : gravir la pente de l’entrepreneuriat social

L’histoire de Claudine Labelle

Vendredi 6 janvier 2017
Claudine Labelle était prédestinée à une carrière de cycliste d’élite avant de fonder Fillactive et d’explorer la voie de l’entrepreneuriat social. Aujourd’hui, l’organisme sans but lucratif incite des dizaines de milliers d’adolescentes québécoises et canadiennes à s’initier à l’activité physique et à adopter de saines habitudes de vie.

Jusqu’à ses 22 ans, Claudine Labelle caresse le rêve de participer aux Jeux olympiques en cyclisme sur route. Puis, lors d’un entraînement dans les environs de Toronto, elle est happée durement par une voiture et se retrouve à l’hôpital. Les médecins lui diagnostiquent un grave traumatisme crânien, qui sonne le glas de ses espoirs sportifs.

« J’avais tout misé sur ce projet et, du jour au lendemain, je me retrouvais devant rien. C’était vraiment difficile », se souvient-elle plus de dix ans après ce coup du destin.

Le déclic

Pendant son repos forcé d’environ deux ans pour récupérer, Claudine Labelle se remémore une expérience qu’elle a vécue comme entraîneuse dans club de natation dans un quartier défavorisé. Pendant un an, elle avait aidé des jeunes de 7 à 13 ans à atteindre leurs objectifs personnels; surtout, elle avait assisté, aux premières loges, à leur profonde métamorphose. Désirant ardemment reproduire cette histoire à succès à plus grande échelle, elle fonde en 2007 FitSpirit, qui deviendra Fillactive.

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 L’idée est simple : visiter les écoles secondaires afin d’y prononcer des conférences sur l’activité physique auprès d’adolescentes de 12 à 17 ans, la tranche d’âge la plus sédentaire de la population canadienne. La réponse dans les quinze établissements visités de la première tournée est plus que positive. « Les yeux des 5000 filles rencontrées pétillaient », se souvient Claudine Labelle. L’année suivante, en 2008, 80 écoles figurent sur la liste d’attente. En tout, 18 000 filles sont ainsi sensibilisées aux bienfaits de l’exercice. Parallèlement, Fillactive reçoit son premier appui financier : 10 000 $.

Dès 2009, Fillactive lance le défi de la FitClub, un programme de course à pied supervisé de 8 à 10 semaines dans lequel les participantes s’entraînent en vue d’une compétition de 5 ou 10 kilomètres. Pas de classement ni de chronométrage : l’accent est mis sur le plaisir et le dépassement de soi. « Pour répondre à une préoccupation des professeurs, qui se trouvaient démunis après notre passage dans les écoles, nous avons mis sur pied la FitClub », explique Claudine Labelle, qui voit aussi l’initiative comme une forme d’héritage légué aux communautés concernées.

Croissance

Les éditions se succèdent et l’expertise de Fillactive se construit petit à petit. La jeune entrepreneure se familiarise avec le concept du conseil d’administration, une réalité inhérente à tout organisme sans but lucratif (OSBL). Les interventions dans les écoles se raffinent afin de tenir compte des plus récentes preuves scientifiques. L’instinct des débuts cède tranquillement sa place à un pragmatisme teinté d’audace, ce qui séduit les bailleurs de fonds, qui n’hésitent plus à répondre par l’affirmative aux demandes de Claudine Labelle.

Aujourd’hui, Fillactive est un véritable mouvement. Les groupes de 20 à 30 coureuses par école d’hier comptent maintenant de 70 à 300 membres. Forte de cet appui tacite, la voix de Claudine Labelle porte maintenant jusqu’auprès des décideurs. D’ailleurs, Sophie Grégoire-Trudeau est devenue l’année dernière la porte-parole officielle de Fillactive.

« Les gouvernements et les directions n’ont plus le choix d’ajuster leur offre afin d’accommoder tout ce beau monde. Nous sommes en voie de changer la norme en provoquant des changements durables dans les communautés »

Claudine Labelle

Paradoxalement, Fillactive est encore une jeune fondation puisqu’elle n’entame que sa dixième année d’existence. De l’aveu même de sa fondatrice, elle a encore devant elle de belles années, qui promettent d’être chargées. « Dans les trois prochaines années, notre croissance sera moins dynamique qu’antérieurement puisque nous consoliderons nos acquis. Au-delà de ce cap, nous prévoyons néanmoins une croissance pancanadienne à un rythme soutenu », précise Claudine Labelle. Autrement dit : la cycliste devenue entrepreneure sociale passera au niveau supérieur.

 Fillactive en chiffres

  • 200 : nombre d’écoles dans lesquelles Fillactive a offert plus de 700 ateliers en 2016
  • 120 000 : nombre d’adolescentes touchées en 2016
  • 12 500 : nombre de participantes inscrites à la FitClub en 2016
  • 2,2 millions : budget de travail de Fillactive en 2016
  • 26 : nombre d’employés de l’OSBL
  • 30 % : taux de croissance prévu pour les trois prochaines années
  • 1200 : nombre de bénévoles au sein des écoles et entreprises impliquées
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