FixMeStick: la clé (USB) de la croissance

L’histoire de Marty Algire

Vendredi 13 mars 2020
Ayant fait ses premières armes en sécurité informatique dans une jeune pousse, Marty Algire détenait le savoir entrepreneurial nécessaire pour mettre sur pied sa propre entreprise, FixMeStick, en 2011. Depuis, le fabricant de clés USB qui suppriment les virus des ordinateurs a vu ses revenus se multiplier par 10 et s’est ainsi taillé une place parmi les 25 entreprises canadiennes à la croissance la plus rapide selon le classement Growth 500.

Marty Algire, qui a grandi en Ontario, tout près des frontières québécoises, a toujours ressenti une attirance pour l’entrepreneuriat, enfilant les petits boulots extérieurs comme la tonte de pelouses ou la vente de maïs en bordure de route.

Il a terminé ses études à l’Université McGill à Montréal en plein boom informatique. « J’avais étudié en ingénierie et j’avais un grand intérêt pour la programmation informatique, se souvient-il. Je n’ai pas voulu lancer tout de suite mon entreprise, mais j’ai cherché à intégrer une start-up. » Ce qu’il a fait, devenant par la même occasion le premier employé de Zero Knowledge Systems, l’entreprise de logiciels axés sur la confidentialité. 

Il a ensuite travaillé pour une entreprise spécialisée en sécurité informatique, où lui et Corey Velan, avec qui il allait cofonder FixMeStick, étaient responsables du produit. L’entreprise développait un logiciel antivirus pour les grandes entreprises de télécommunications qui permettait de résoudre une partie des problèmes causés par les virus. Cependant, une fois que ceux-ci s’attaquaient à l’ordinateur, le logiciel n’avait plus vraiment d’utilité. 

« Pour faire une analogie avec les taches sur un tapis, le logiciel antivirus est l’équivalent du traitement antitache, illustre-t-il. Dès qu’une tache s’est incrustée dans le tapis, ça prend un détachant pour réussir à l’enlever. » C’est à partir de ce constat que les deux ingénieurs ont quitté leur emploi en 2011 et créé FixMeStick.

Le marketing, une grosse besogne

Les deux entrepreneurs partaient avec une longueur d’avance, étant déjà capables de fabriquer le produit qu’ils souhaitaient commercialiser et ayant mené une partie de leur carrière dans l’univers des entreprises émergentes. 

Ils sont ainsi parvenus à mettre en marché la première version de leur clé USB en 2012, sans bénéficier de financement ni du soutien d’une marque. 

« Nous n’avions pas les moyens d’investir dans le marketing, raconte le président-directeur général. Même si nous ne savions pas exactement ce que nous faisions, nous déployions toutes nos énergies pour que ça marche. » 

Les efforts marketing autour du lancement reposaient essentiellement sur les relations publiques effectuées par nul autre que le duo d’entrepreneurs derrière FixMeStick. La publication d’un communiqué de presse a valu à la jeune pousse un bon traitement dans les médias francophones au Québec et a trouvé des échos auprès des consommateurs. De multiples tentatives ont été faites pour susciter l’intérêt des magazines spécialisés et des évaluateurs de produits.

« Lorsque nous avons atteint un certain volume de ventes, nous avons eu la confiance nécessaire pour investir dans le marketing », ajoute Marty Algire.

De 2014 à 2018, après avoir obtenu de bons résultats à la suite de mentions à la télévision et à la radio, son partenaire d’affaires et lui se sont tournés vers les médias traditionnels plutôt que numériques. « Cela s’est révélé très efficace pour augmenter la notoriété, tant en ce qui a trait aux ventes directes qu’aux ventes réalisées en ligne et chez les détaillants, souligne-t-il. À un point tel qu’avec le recul, nous nous sommes trouvés vraiment naïfs de ne pas avoir pensé, dès le départ, que ce serait essentiel au succès de notre entreprise. » 

En effet, le produit était non seulement nouveau, mais il appartenait aussi à une toute nouvelle catégorie de produits : le marketing de la clé USB comportait donc un important volet d’éducation de la clientèle. 

Un sommet atteint chaque année

En 2013, FixMeStick a réussi à s’implanter chez les détaillants canadiens. L’année suivante, les deux cofondateurs de l’entreprise ont participé à l’émission canadienne Dragons’ Den (dont le pendant francophone québécois est Dans l’œil du dragon). Ce passage à la télévision a marqué un tournant dans la croissance des ventes, qui sont passées de 400 000 à 20 millions de dollars en cinq ans.

En 2015, FixMeStick a percé le marché de détail aux États-Unis, qui génère aujourd’hui 80 % des revenus de l’entreprise; 15 % du chiffre d’affaires provient du Canada et 5 % d’autres pays. 

Les produits de FixMeStick sont maintenant offerts dans plus de 3000 magasins au Canada et dans 10 000 commerces aux États-Unis. Ils sont aussi vendus en ligne depuis les débuts de l’entreprise.

L’équipe s’est également agrandie et compte aujourd’hui une trentaine d’employés dans divers services : le développement, le marketing, l’entrepôt, les finances et le soutien à la clientèle. « Ce dernier volet est primordial pour FixMeStick et la fidélisation de notre clientèle, souligne le PDG. Au bureau, cette équipe est toujours assise près des autres employés et pratiquement aucun de nous n’a travaillé au soutien à la clientèle auparavant. » 

Les demandes de soutien les plus fréquentes touchent à l’accompagnement des utilisateurs qui se servent de la clé USB pour la première fois ou à un problème lié à la performance de l’ordinateur ou d’un logiciel déjà installé sur l’appareil. 

Plusieurs clés encore à son trousseau

L’entreprise, dont le siège social se trouve à Montréal, a lancé en décembre 2019 une toute nouvelle gamme de produits qui rend n’importe quel ordinateur rapide, sécurisé et privé : StartMeStick. Elle prévoit la distribuer dans les mêmes marchés que la gamme FixMeStick.

Même si elle offre une version commerciale de cette dernière, ses efforts sont principalement concentrés vers le marché des consommateurs. « Nous avons tout de même parmi nos clients de grandes entreprises qui utilisent FixMeStick, comme des universités, FedEx et certains organismes gouvernementaux aux États-Unis, précise Marty Algire, mais elles se comptent par dizaines, et non par centaines ni par milliers. » 

Le PDG de FixMeStick estime que le marché des consommateurs représente un meilleur potentiel de croissance. Dans les cinq prochaines années, ses yeux se tourneront pour une première fois vers de nouveaux pays, plus précisément la France, l’Allemagne et l’Australie.

« Notre expérience nous a démontré qu’une expansion à l’étranger nécessite énormément d’investissements et d’attention, ce que nous ne pouvions nous permettre jusqu’à présent, affirme-t-il. Nous réévaluons actuellement cette possibilité. » 
 

L’entreprise en chiffres

80 : le pourcentage des ventes de FixMeStick provenant du marché américain

23 : le rang du palmarès PROFIT 500 auquel s’est hissée l’entreprise en 2018

10 : les revenus de FixMeStick en millions de dollars en 2018

 

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