Poka : l’application qui modernise votre usine

L’histoire d’Alexandre Leclerc et d’Antoine Bisson

Vendredi 28 octobre 2016
Chaque seconde compte lorsqu’une machine tombe en panne sur une chaîne de montage. Car tandis que quelqu’un feuillette un épais manuel d’instruction à la recherche d’une solution, des employés ne sont pas productifs, des produits ne sont pas prêts à temps et des clients s’impatientent. Pour accélérer le retour à la normale, les entrepreneurs Alexandre Leclerc et Antoine Bisson ont innové en créant Poka, un réseau social pour usines.

Poka est un amalgame de YouTube et Facebook pour les entreprises manufacturières. Au lieu d’y partager des vidéos personnels, les travailleurs se filment au travail en train de résoudre les défaillances de divers appareils. Si un autre employé rencontre le même problème, il peut répéter les étapes vues à l’écran. Une solution bien plus rapide que de lire — et interpréter — de la documentation écrite. «On a un client qui a réglé en dix minutes une procédure qui prenait quatre heures auparavant», affirme Antoine Bisson, 27 ans, cofondateur et chef de la direction technique. 

Mais le service web ne sert pas qu’à réparer de l’équipement ; il facilite aussi la formation et le transfert des connaissances au sein d’une compagnie, même s’il s’agit d’une multinationale. Un nouvel employé au Tennessee peut ainsi apprendre à manipuler une presse à métal en regardant une vidéo d’une collègue à Drummondville ayant 32 ans d’expérience.

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« N’importe qui peut acheter des machines. Ce qui distingue une entreprise manufacturière de la compétition, c’est son savoir-faire. Poka permet de le documenter et de le partager. »

— Alexandre Leclerc

Des Biscuits Leclerc à Poka

Alexandre Leclerc est issu de la famille ayant fondé l’entreprise Biscuits Leclerc. Depuis l’âge de 12 ans, il y a occupé tous les postes imaginables, tant dans les bureaux que sur le plancher des usines. Bref, il était au premier plan pour constater la difficulté de transmettre les connaissances entre les employés. 

Mais ce n’est qu’à la fin de l’adolescence, lorsqu’il a suivi son père en Pennsylvanie pour y ouvrir une nouvelle usine de Biscuits Leclerc, qu’il a réellement mesuré l’ampleur du problème. À cause de la compétition, « on a perdu quatre de nos huit mécanos en deux mois. Et on a réalisé qu’on n’avait rien documenté ». Père et fils ont cherché des solutions sur le marché, en vain. 

Comme tant d’autres bonnes idées, c’est dans un moment du quotidien que le déclic est survenu. Plus précisément, en essayant de prendre une douche. «Mon chauffe-eau ne fonctionnait pas, raconte Alexandre Leclerc. J’ai cherché la solution sur YouTube et deux minutes plus tard, mon problème était réglé.» C’est là qu’il a compris le potentiel des vidéos en usine.

Encouragé par son père, le jeune entrepreneur a présenté l’idée à son ami, Antoine Bisson, qui complétait alors un stage en génie logiciel chez Microsoft, à Seattle. En un weekend, les deux hommes ont fait une ébauche du produit et décidé de se lancer en affaires.

Dès le départ, les cofondateurs de Poka avaient une grande entreprise prête à tester leur produit : Biscuits Leclerc. Cette position enviable leur a permis de lever 2,5 millions de dollars en investissement alors qu’ils n’étaient que «deux gars dans une Ford Focus avec un laptop», se rappelle l’entrepreneur.

Évènement Poka

La collaboration avec Biscuits Leclerc leur a également permis de répondre parfaitement aux besoins des entreprises manufacturières. «Beaucoup de startups vont voir les clients après avoir fait le produit, observe Antoine Bisson. Nous, on s’est assuré dès le départ de créer une solution qui est tout aussi pertinente pour une compagnie métallurgique qu’un fabricant de biscuits.» 

Cette approche a permis à Poka de prendre rapidement de l’expansion dès le lancement du produit en 2014, passant de 0 à 32 employés en deux ans.  En plus de l’équipe basée à Québec, des vendeurs seront bientôt embauchés aux États-Unis afin de mieux pénétrer le marché américain. Les deux cofondateurs ont aussi des vues sur l’Europe. «Là-bas, le secteur manufacturier a une longue histoire, note Alexandre. Quand ils ont entendu deux gars de 27 ans parler d’une nouvelle façon de communiquer, la première réaction n’a pas été facile. Mais quand ils ont vu la solution, ils ont tout de suite compris. Aucune entreprise a dit qu’elle n’en avait pas besoin.»

Poka en chiffres

  • 32 : le nombre d’employés
  • 6,5 millions : investissements collectés par Poka au Québec et dans la Silicon Valley
  • 11 : le nombre de pays où Poka est utilisé
  • 4 : langues dans lesquelles Poka est offert (français, anglais, russe, espagnol)
  • 45 : nombre de clients
  • 4000: nombre d’utilisateurs de la plateforme

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