Sinopé Technologies: l’innovation comme moteur entrepreneurial

L’histoire de François Houde

Vendredi 24 janvier 2020
« Jamais deux sans trois », dit le célèbre proverbe. Sinopé Technologies est la troisième entreprise fondée François Houde. Alpiniste à ses heures, l’entrepreneur a réussi à hisser celle-ci au sommet, tout comme il l’avait fait pour les deux précédentes.

Après des études en sciences appliquées, François Houde a enseigné pendant trois ans dans un cégep dans le domaine de l’électronique et des systèmes ordinés. Il excellait dans ce rôle. « Ayant noté plusieurs besoins non comblés dans ce marché, j’ai décidé de délaisser l’enseignement afin de lancer, avec un partenaire, mon entreprise de fabrication d’ordinateurs », raconte-t-il.

Au fil du temps et des changements survenus dans sa vie, dont la naissance de ses enfants, sa vision et celle de son partenaire d’affaires se sont mises à diverger (notamment concernant la conciliation travail-famille), si bien qu’il a décidé de quitter sa première entreprise.

« À l’époque, j’habitais à Sainte-Thérèse et je cherchais un thermostat électronique programmable pour mes plinthes électriques, se souvient-il. J’ai constaté que cela n’existait pas. » Le thermostat est alors devenu un autre projet entrepreneurial, qui a pris le nom d’Aube Technologies. Cette deuxième entreprise s’est imposée comme un fleuron au Québec et ses produits se sont vendus dans 14 pays.

Après tous les efforts déployés pour positionner l’entreprise parmi les précurseurs dans ce domaine, il a décidé de vendre Aube Technologies, alors qu’il n’avait que 45 ans et que ses enfants étudiaient à l’université, afin de se consacrer à l’alpinisme, l’une de ses grandes passions.

Quand l’appel de l’entrepreneuriat est irrésistible

Cette retraite de l’entrepreneuriat n’a pas duré très longtemps. Après cinq ans, d’anciens clients d’Aube Technologies ont communiqué avec lui afin de le convaincre de se relancer dans les affaires. Il a fini par céder et a créé Sinopé Technologies en 2010.

« Je ne voulais pas seulement fabriquer un thermostat, mais aller plus loin afin de créer un objet connecté capable de remplir d’autres fonctions, explique l’entrepreneur. Nous avons été les premiers à mettre sur le marché un tel objet pour les systèmes de chauffage électrique. »

Sa démarche s’est révélée fructueuse : la possibilité de régler à distance les thermostats ouvre la porte à une multitude d’applications et de marchés, comme celui des sociétés de distribution d’électricité (New Brunswick Power, BC Hydro) qui peuvent régler la charge au moyen de ces équipements.

Aujourd’hui, Sinopé Technologies fait aussi dans le contrôle de puissance et la domotique grâce à la plateforme Neviweb.

Faire des affaires pour innover

Pour François Houde, l’innovation est le cœur et les poumons de son esprit entrepreneurial. « Je ne me verse pas de salaire chez Sinopé Technologies, confie-t-il. D’une part parce que je n’en ai pas besoin en raison de la vente de mes autres entreprises, et d’autre part, parce que je suis un passionné de technologies et que la poursuite du développement est ce qui me motive. »

Aujourd’hui, l’entreprise met au point des thermostats et des produits connexes. Car, si Sinopé s’est d’abord financée pendant une trentaine de mois grâce à la conception et à la vente de simples thermostats, ses créations sont désormais soutenues par sa plateforme Neviweb, qui permet de gérer les objets connectés. Ces derniers permettent de multiples applications auxquelles il est possible d’associer plusieurs fonctions. Au réglage à distance du chauffage, on peut ajouter, par exemple, un capteur de fuite d’eau pour prévenir les inondations, des jauges pour les réservoirs de propane, etc.

Sinopé Technologies propose aujourd’hui une cinquantaine de produits. « Dès que l’équipe d’ingénierie en a développé un, elle se met tout de suite à en concevoir un autre », affirme François Houde.

Comme certains produits visent des créneaux bien précis, par exemple la gestion des fuites d’eau dans les tours en copropriété, l’entreprise songe à revoir sa structure pour créer des entreprises satellites pour certains d’entre eux. Elle pourrait ainsi clarifier son offre et faciliter la tâche de clients éventuels qui rechercheraient des spécialistes dans un domaine donné.

L’entreprise investit environ 50 % de ses profits dans la recherche et le développement. De plus, de la cinquantaine d’employés qu’elle compte, environ 35 se consacrent au développement de produits. « Tout est fait à l’interne : l’idée sur la feuille de papier présentée par l’équipe de design industriel composée entièrement de femmes, le moule pour l’injection de plastique, les logiciels à intégrer, la conception électronique pour les certifications, l’environnement Web et l’infographie. » La chaîne de production se trouve aussi dans les installations de l’entreprise, mais l’assemblage des produits est effectué en Chine.

Pas de secret pour la croissance

Sinopé Technologies possède un siège social et un centre de développement à Saint-Jean-sur-Richelieu, mais aussi des bureaux satellites à Québec, à Vancouver et, prochainement, à Toronto.

De toute sa carrière d’entrepreneur, François Houde n’a jamais demandé de subvention. « Beaucoup d’entreprises en démarrage se lancent dans les affaires en comptant sur du capital extérieur, observe-t-il. Comme l’argent provient d’ailleurs, elles ne pensent pas toujours à la commercialisation et à la rentabilité dès le départ, alors que c’est possible pour une entreprise d’être rentable dès la première année, si on planifie bien ses activités. »

Cette approche a fait ses preuves dans son cas : Sinopé Technologies voit son chiffre d’affaires croître annuellement de 25 à 30 % depuis 2011 et, selon elle, sa croissance devrait rester soutenue dans les années à venir.

Une nouvelle gamme de produits a été récemment lancée pour les consommateurs américains. Toutefois, les droits de douane imposés par le gouvernement américain sur les importations de biens en provenance de la Chine ont entraîné le report de ce projet. Sinopé Technologies met actuellement en place une deuxième chaîne de production aux Philippines, qui pourrait permettre de régler cette situation dès le début de l’année.

Bien que les produits de son entreprise soient destinés pour le moment au marché nord-américain en raison de leur format électronique, François Houde n’exclut pas la possibilité de les adapter aux normes européennes. Dans l’intervalle, Sinopé Technologies continue d’ajouter de nombreux produits connexes à sa plateforme Neviweb.

Quant à la direction future de l’entreprise, son fondateur pense déjà à sa relève, car il n’a pas l’intention de vendre. « Lorsque le moment sera venu, je me retirerai tranquillement des opérations, mais je compte demeurer présent une semaine par mois afin de veiller à la définition des orientations de l’entreprise et au développement de nouveaux produits. »

 

L’entreprise en chiffres

50 : le pourcentage des profits investis en recherche et développement

50 : le nombre d’employés

25 : le pourcentage de croissance annuelle depuis 2011

 

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