Vins Zyromski: les serres de tous les possibles
L’histoire de Julie Zyromski
Julie ne s’en cache pas : elle-même ne croyait plus au projet que son père, Frank Zyromski, cultivait depuis plusieurs années avec Marc Desaulniers, un collègue sommelier ayant entre autres travaillé pour Osoyoos Larose, l’un des plus beaux vignobles du pays.
« Ma première réaction en goûtant la bonne cuvée a été de me dire que ça ne se pouvait pas que ce soit du vin québécois », raconte Julie, en rappelant que le vin d’ici n’avait pas une excellente réputation à l’époque.
Petit retour en arrière.
DE PROJET DE RETRAITE À VIGNOBLE EN CROISSANCE
Il y a près de dix ans, le père de Julie, Frank Zyromski, un horticulteur prospère et bien connu dans le milieu de l’agriculture, démarre son projet de retraite et se lance dans la culture de vignes vitis vinifera en serre au nord du 46e parallèle, dans les Hautes-Laurentides. Il prend un pari que plusieurs qualifient alors d’improbable. Et pourtant.
Au même moment, Frank convainc sa fille, Julie, d’embarquer dans son projet. Il fait ensuite la connaissance de Marc qui rejoint rapidement le duo père-fille. Pendant que Frank et Marc mènent plusieurs expérimentations, dont la plupart sont peu fructueuses, Julie, elle, termine sa maîtrise en communication de la haute gastronomie à Barolo, en Italie. Éventuellement, elle revient dans les Laurentides, goûte de nouveau au vin de Frank et Marc, duquel elle tombe finalement sous le charme. Elle décide de s’impliquer plus sérieusement. Résultat : le trio lance enfin Vins Zyromski.
« Faire du vin, c’est pas romantique comme dans les films, c’est difficile et ça demande beaucoup de travail. C’est pas pour rien que les vignobles européens se passent de génération en génération. »
La suite se bouscule rapidement : l’entreprise obtient officiellement son permis d’alcool, développe son image de marque, se lance sur les réseaux sociaux et, le plus important, devient le seul vignoble dans les Hautes-Laurentides à faire pousser en serre des cépages vitis vinifera, comme le Merlot, le Chardonnay et le Pinot noir. À l’été 2021, ses premières bouteilles se vendent dans des restaurants laurentiens et sur les tablettes de boutiques spécialisées. En 2022, elle continue sa croissance.
UN MILIEU QUI DEVRA S’ADAPTER AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES
Toutes les personnes qui ont les deux pieds dans le vin le diront : tout est question de climat. C’est d’ailleurs pour contrôler la température ambiante que Frank a choisi la culture en serre. Cela lui permet de faire pousser des cépages qui, à l’extérieur, n’auraient pu résister à l’hiver laurentien.
« Les changements climatiques ont de grosses répercussions sur la culture de vignes et d’aliments en sols québécois. Tout le monde va devoir s’adapter aux changements de températures, nous y compris. »
Même la culture en serre ne protège infailliblement pas les vignes du réchauffement climatique. Julie raconte même que lors d’une vague de chaleur survenue au mois de mai 2022, les vignes se sont mises à trop pousser. L’entreprise s’est alors retrouvée deux mois en avance sur sa production et sans main-d'œuvre pour s’occuper de ses vignes. Heureusement, elle a trouvé des solutions.
NE PAS AVOIR PEUR DE SE SALIR LES MAINS
Ce n’est donc pas sans embûches que Julie est parvenue à être ce qu’on pourrait qualifier d’entrepreneure chevronnée. Son secret? Se préparer à toute éventualité, ne jamais avoir peur de mettre les mains à la pâte et connaître le métier de son équipe sur le bout de ses doigts.
« Quand tu démarres une entreprise, tu ne peux pas juste être visionnaire. Si tu n’acceptes pas de passer le balais ou d’embouteiller toi-même ton produit, bien tu ne connaîtras jamais ton entreprise. »
Cette vision de l'entrepreneuriat, elle la tient de ses parents qui n’ont jamais hésité à venir en aide à leurs employé·e·s dans les serres quand le temps le demandait.
FAIRE DU CHEMIN : DES HAUTES-LAURENTIDES À LAVAL
Vins Zyromski possède depuis peu des champs dans la grande région métropolitaine, plus précisément à Laval, sur le boulevard St-Rose. L’entreprise y cultive cette fois des cépages autochtones dans le but de produire des assemblages. De son côté, Julie a récemment fait l’achat d’un restaurant tremblantois, La Petite Cachée. Au moment d’écrire ces lignes, l’entrepreneure de 34 ans confirme qu’il y aura un rapprochement entre les deux entreprises, mais n’en dit pas plus. Reste plus qu’à voir ce que les serres de tous les possibles nous réservent cette fois.
L'ENTREPRISE EN CHIFFRES
100 000 : le prix d’une serre intelligente en 2020
21 000 : le nombre de pieds carrés de vignes vitis vinifera
3000 : le nombre de bouteilles produites par année par Vins Zyromski
10 000 : le nombre de bouteilles produites par des vignes en serre au Québec
ENVIE D'EN SAVOIR PLUS
Consultez les pages Facebook et Instagram de Vins Zyromski pour suivre l’évolution du vignoble et connaître ses différents points de vente.