1642 Cola : Une boisson gazeuse en hommage à Montréal
L’histoire de Bastien Poulain
La scène se déroule dans une poutinerie de Montréal. Bastien Poulain, accompagné de quelques amis, consulte le menu à la recherche d’une boisson gazeuse. Seules les deux grandes marques américaines sont offertes : « Pas fort… lâche-t-il, pour une ville qui se targue de bien boire et de bien manger ! »
En fait, Bastien est surpris de constater que la mode des colas régionaux n’a pas encore contaminé le Québec. Car il y a effectivement un engouement pour les colas alternatifs, un peu partout dans le monde, depuis quelques années. En France, chaque région s’enorgueillit d’avoir son propre breuvage pétillant.
Le Breton tient quelque chose. Nous sommes en mars 2013. Trois ans plus tard, Bastien Poulain peut se vanter d’avoir popularisé un des premiers colas régionaux typiquement québécois : le 1642 Cola.
Retour sur une folle aventure.
Lancer une entreprise, mais pas à tout prix
Les gènes de l’entrepreneuriat circulent dans la famille Poulain. Le grand-père de Bastien avait une petite entreprise de services d’électricien, et son père, une agence de placement.
« J’avais depuis longtemps l’idée de me lancer en affaires, raconte-t-il, mais je ne voulais pas lancer une entreprise pour lancer une entreprise. Je désirais y aller seulement si je tenais une idée porteuse, qui avait du potentiel. »
Avant de trouver la grande idée, le jeune homme aura eu le temps de parcourir le monde, de travailler 6 mois comme assistant gérant dans un hôtel chinois, de repartir à zéro à Montréal comme serveur dans un restaurant, puis gérant dans un grand hôtel.
« Au départ, mon but était d’acquérir une expérience de travail à l’international pour ensuite revenir faire carrière en Europe », explique-t-il. Mais voilà : il est tombé amoureux de Montréal et de sa double identité culturelle.
Plus qu’un lieu de résidence, Montréal devient la muse qui lui inspire son projet entrepreneurial. Bastien Poulain a l’idée de créer un cola local en hommage à sa ville d’adoption : le cola 1642 est nommé ainsi en référence à l’année de fondation de Montréal.
L’idée lui semble suffisamment porteuse pour y investir ses propres économies, passer deux ans à développer le produit, quitter son emploi et sauter sans filet.
Une exécution sans faille
Plusieurs ont fait la connaissance de Bastien Poulain en mai 2015, lors de son passage à l’émission Dans l’œil du dragon. Le sympathique hipster avait séduit 4 dragons : Alexandre Taillefer, Martin-Luc Archambault et Serge Beauchemin en ondes, puis Mitch Garber par la suite.
C’était l’aboutissement d’un sprint amorcé en octobre 2014, alors que Bastien s’engageait à temps plein dans l’aventure. Se tournant d’abord vers le financement participatif, il a levé 7 000 $ sur la plateforme Indiegogo.com. « Ça nous a permis de faire connaître le produit », dit-il.
1642 Cola est un cola sucré à l’érable, entièrement fait au Québec, bouteille et étiquette incluses. « Il fallait être cohérent avec le message, explique-t-il. On leur présente un produit d’ici, fait avec des ingrédients d’ici. »
Bastien Poulain lance une première production, fait la distribution. Et bien sûr, présente son cola aux Dragons. Ils sont aussitôt séduits, tant par l’idée que par la cohérence de sa démarche.
Soutenir la croissance
Un premier succès, c’est bien. Mais cela n’assure pas nécessairement la viabilité d’une entreprise. Fort de son passage aux Dragons, l’entrepreneur breton a encore quelques défis à relever. « Financer la production en est un, dit-il. On fabrique et on distribue les colas, mais les revenus ne viennent que beaucoup plus tard. La Banque Nationale a été un partenaire important. Ils nous ont accordé une marge de crédit, pour soutenir la production. »
Une restructuration des opérations a également été nécessaire, explique-t-il. « Au départ, la distribution était très ardue, car nous opérions avec de petits distributeurs locaux dans chaque coin du Québec. C’était difficile de garantir un approvisionnement uniforme. »
Bastien Poulain a résolu ce problème en concluant une entente avec Orange Maison, la filière de distribution de Lassonde. « Quand on est distribué par un gros joueur, ça rassure les chaînes d’alimentation. Ils savent que l’approvisionnement va bien se passer. »
Comment Bastien a-t-il réussi à convaincre Orange Maison de distribuer son cola ? Une question de timing, explique-t-il : « Les ventes des sodas premium sont légèrement en hausse, au détriment des boissons gazeuses grand format. Les consommateurs sont prêts à payer plus cher pour de la qualité. Lassonde cherchait à se positionner à cet égard. »
Voilà un entrepreneur qui a su saisir l’air du temps.
Crédit photo: Courtoisie de Cola 1642 (M. Bastien Poulain)