Certification WELL : favoriser le bien-être au travail
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Si la certification LEED récompense les édifices performants sur le plan environnemental, en évaluant notamment leur efficacité énergétique et les matériaux utilisés pour leur construction, le programme WELL se concentre sur la santé et le bien-être des occupants des immeubles, qu’ils y habitent ou qu’ils y travaillent.
Plus d’une centaine de critères
Pour être estampillé WELL, le bâtiment doit remplir des critères quant à la qualité de l’air (efficience de la ventilation, réduction des composés organiques volatils, surveillance de la formation de moisissures, etc.), de l’eau et de l’éclairage. Il doit aussi favoriser une saine alimentation chez les occupants. « Par exemple, il est obligatoire d’afficher la valeur nutritionnelle des produits proposés par le distributeur automatique, d’indiquer les ingrédients utilisés dans les plats servis à la cafétéria, de limiter les aliments transformés, de supprimer les gras trans et de promouvoir l’importance de manger des fruits et des légumes », explique Réal Migneault, directeur du développement durable de la firme d’architecture Lemay, qui a conçu le projet Humaniti et qui coordonne l’obtention de la certification WELL pour celui-ci.
Intégrant une tour de 39 étages, Humaniti comportera des logements, mais aussi 60 000 pieds carrés de bureaux, un hôtel et des boutiques. Seul le volet résidentiel fera l’objet des démarches de certification WELL, mais il s’agit d’un premier pas. « À la suite de cette annonce, plusieurs entreprises ont communiqué avec nous, car elles sont très intéressées par WELL », dit-il.
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Le confort thermique et acoustique ainsi que l’ergonomie des bureaux figurent également parmi les critères pris en compte par la certification WELL. Un édifice certifié WELL doit aussi favoriser une bonne santé physique et psychologique. « Il s’agit de pousser les gens à être plus actifs physiquement en installant des escaliers qui donnent plus envie de les emprunter que les escaliers de type sortie de secours, ajoute Réal Migneault. Pour contribuer à la santé mentale des personnes, WELL évalue, entre autres, la biophilie de l’espace, qui peut passer par de la végétalisation intérieure par exemple. »
Valable trois ans
La certification ne se base pas uniquement sur la documentation fournie au sujet de l’immeuble. En plus de tests indépendants pour mesurer la qualité de l’air, de l’eau ou encore de l’acoustique, le processus nécessite une visite des lieux par un auditeur.
« L’idéal est d’avoir une entreprise qui construit son bâtiment et qui l’occupe en respectant les critères de WELL », estime Réal Migneault. Cependant, un promoteur peut simplement faire certifier le bâtiment en soi et une entreprise locataire peut ensuite obtenir la certification pour son espace intérieur.
Contrairement au standard LEED qui est décerné une fois pour toutes, la certification WELL est délivrée pour une durée déterminée. « Les tests doivent être réalisés tous les trois ans pour s’assurer du maintien de la performance », souligne Réal Migneault.
Des avantages pour les entreprises
Pour les employeurs, adopter la norme WELL comporte un coût, mais présente des bénéfices. « Quand on planifie une construction qui vise la certification WELL, on est obligé d’avoir des représentants des ressources humaines autour de la table, ce qui n’est pas le cas autrement. Cela permet une meilleure prise en considération des besoins des usagers, affirme Réal Migneault. Une force de travail qui est en santé et qui se sent bien, c’est une main-d’œuvre plus productive et moins touchée par l’absentéisme ». Offrir un environnement de travail certifié WELL favorise aussi l’attraction, la rétention et la mobilisation du personnel.
En juillet dernier, le fabricant de mobilier de bureau Teknion a obtenu la certification WELL Argent pour sa salle d’exposition de Toronto, qui emploie une trentaine de personnes. Procéder aux modifications nécessaires à son obtention a permis d’augmenter de 65 % la satisfaction des employés. « Ils sont plus investis dans leur travail et plus excités de venir au bureau le matin, constate Tracy Backus, directrice du développement durable de Teknion. La cohésion de l’équipe est plus forte. » Un des clients de Teknion aime tellement l’espace qu’il a demandé à le privatiser pour y organiser des ateliers de réflexion stratégique avec ses équipes
La mise en place d’un programme de récompenses incitant les travailleurs à être plus actifs physiquement, comme l’exige WELL, s’est traduite par une plus grande participation à la séance d’entraînement du vendredi matin, qui est suivie par la préparation collective de smoothies. « Désormais, on ne voit plus les gens rivés à leur bureau, constate-t-elle. Ils bougent davantage, ils prennent de vraies pauses pour manger — ils ne mangent plus devant leur ordinateur — et ils s’alimentent mieux. »
Plus que de simples mesures cosmétiques, la norme WELL implique un vrai changement de paradigme.
Sources infographies: Human spaces et Étude COGfx, menée par l’Université Harvard et l’Université d’État de New York