Veille sur toi : les compagnons rassurants
Le billet de Karine Foisy
Le début de l’histoire
J’ai plongé dans l’entrepreneuriat sans trop m’en rendre compte. Il faut savoir que ma carrière ne me destinait pas du tout à la gestion d’une entreprise! Mes parents étant entrepreneurs, je les ai vus, dès mon enfance, gérer des entreprises et tous les risques qui s’y rattachent. Cela m’a sans doute aidée à faire face aux défis de l’entrepreneuriat.
Mon parcours
Enseignante de formation, j’ai eu le plaisir d’enseigner à l’école primaire pendant dix belles années dans divers quartiers défavorisés de l’île de Montréal. Puis, comme beaucoup de femmes, j’ai eu des enfants et profité de congés de maternité. Durant ceux-ci, j’ai ressenti le besoin de laisser libre cours à ma créativité, et c’est par le travail du verre que je l’ai assouvi.
Je m’adonne à la fusion du verre depuis dix ans. Au début, je travaillais dans mon sous-sol pendant la sieste de mes enfants. Je fabriquais plusieurs produits différents pour le plaisir, puis j’ai eu un coup de cœur pour les veilleuses et pour ce qu’elles représentaient. C’est à ce moment, en 2013, que j’ai fondé Veille sur toi. J’aimais le fait que la veilleuse est un objet doux et rassurant qui veille sur les tout-petits durant leur sommeil. J’ai eu la piqûre pour le design de petits personnages bienveillants et attachants! Petit à petit, je me suis mise à vendre mes veilleuses à des amis, puis en ligne grâce à Etsy. Rapidement, un engouement pour mes créations s’est fait sentir, des commerces ont commencé à vendre mes produits. En 2015, j’ai remporté le concours « Etsy — Le meilleur du Québec », ce qui m’a permis d’obtenir une bourse, grâce à laquelle j’ai aménagé mon nouvel atelier au sous-sol. Ce concours m’a également apporté une très belle visibilité au Québec — j’étais lancée!
Premier défi : apprendre à déléguer!
J’ai dû me rendre à l’évidence assez rapidement : je ne pouvais plus y arriver seule dans l’entreprise. À ce moment, j’enseignais toujours au primaire à temps plein. J’ai donc demandé de l’aide pour la production. J’ai ensuite cheminé vers une étape importante dans la vie d’un entrepreneur : apprendre à déléguer! J’ai commencé par déléguer des tâches répétitives, qui me prenaient beaucoup de temps, comme l’expédition des colis. Puis, j’ai sous-traité une partie de la production des veilleuses en recourant à des personnes qualifiées pour la fusion du verre. Avec les années, j’ai délégué d’autres tâches pour lesquelles je suis moins efficace et qui me siphonnent de l’énergie, telles la comptabilité et la gestion de la production ou des stocks.
Quand il est devenu important également d’engager une personne de confiance pour m’épauler dans mes diverses tâches administratives, j’ai recruté Magalie, mon adjointe polyvalente. Elle m’aide notamment à assurer le service clientèle, qui représente un volet extrêmement important d’une entreprise. Je donne d’ailleurs souvent ce conseil aux entrepreneurs qui se lancent : offrez un excellent service à la clientèle, celui-ci est primordial pour la réputation de votre entreprise.
« Bref, apprendre à déléguer est nécessaire. Au départ, cela peut être difficile, mais il faut apprendre à mettre de côté son perfectionnisme. Il est possible que les choses ne soient pas toujours comme on le souhaiterait, mais cela en vaut vraiment la peine. Déléguer des responsabilités est la meilleure décision que j’ai prise pour favoriser la croissance de mon entreprise à ce moment. »
Les qualités d’un entrepreneur
J’ai plongé dans l’entrepreneuriat sans trop m’en rendre compte, et j’ai découvert que j’avais des aptitudes qui font de moi une bonne entrepreneure : bonne faculté d’adaptation, créativité, facilité à travailler en équipe et à établir des relations d’affaires positives et de confiance, et — ce qui est le plus important pour moi — capacité de suivre mon instinct!
Ce qui me tient à cœur dans mon entreprise
La production locale! J’aime le fait que mon produit est fabriqué au Québec et je suis heureuse de faire rouler l’économie d’ici en embauchant des employés. Le prix associé à la production locale est plus élevé, et les clients ne comprennent pas toujours pourquoi. Mais lorsqu’on prend le temps de décortiquer les coûts de ce type de production, ils comprennent et, en fin de compte, ils sont fiers d’encourager une entreprise d’ici qui fabrique ses produits ici!
L’entrepreneuriat, un métier difficile
Certains jours, on est prêt à soutenir la croissance fulgurante de l’entreprise, on se sent invincible, tout semble possible! Mais d’autres jours, on souhaite tout abandonner, on est découragé et tout semble être une montagne. C’est fou! Avec les années, j’ai appris que ce cycle de hauts et de bas est normal et régulier; je compose mieux avec les bas, car je sais qu’ils sont passagers.
Les gens ne sont pas toujours conscients de tout le travail qui se cache derrière l’entreprise. Dans l’élaboration d’un nouveau produit, il y a un long processus de conception et de recherche, beaucoup d’essais et d’erreurs (souvent décourageants), de doutes, de temps consacré à la recherche de fournisseurs et de main-d’œuvre... Et quand on a finalement le prototype (dont le patron aura coûté cher et représenté plusieurs essais et erreurs), le travail n’est pas fini! Ce n’est que le début du long processus de la vente : création de l’emballage, séance photo, montage, contact avec les points de vente éventuels, campagne dans les réseaux sociaux, mise en ligne d’un site et du produit…
Ce que j’aime dans mon travail
Si je peux créer ce qu’il me plaît, concevoir de nouveaux produits à mon goût, établir un contact avec mes clients lors d’expositions, j’aime particulièrement la flexibilité de mon horaire. Je peux l’ajuster si je souhaite prendre du temps pour moi ou pour ma famille… Être mon propre patron a de nombreux avantages!