Quand l'échec forge la réussite

Le billet de Michel Jodoin

Vendredi 9 février 2018
Michel Jodoin, fondateur de soumissionrenovation.ca et cofondateur de B2BQuotes signe ce billet.

Souvent, j’ai le sentiment qu’on me voit comme celui qui a fondé le site à succès soumissionRenovation.ca et pour qui « ça fonctionne ». Et pourtant… Mon parcours entrepreneurial n’a pas toujours été facile. Les défis à relever ont été nombreux, les remises en question aussi. Mais s’il y a une chose dont je suis sûr, c’est que les échecs que j’ai pu connaître ont fait de moi l’entrepreneur que je suis aujourd’hui. Au Québec, nous n’avons pas assez la culture de l’échec, nous ne la valorisons pas, alors qu’elle est tellement formatrice! Nous ne devrions pas avoir honte de nos échecs, nous devrions plutôt les revendiquer.

Mon aventure entrepreneuriale a commencé quand j’étais un jeune étudiant de 18 ans. En participant à un programme parascolaire, j’ai acquis ma première franchise, qui offrait des services de nettoyage de vitres. C’est à ce moment que j’ai réellement eu « la piqûre entrepreneuriale ». J’étais surmotivé et j’avais une telle soif de succès que j’en ai oublié de déléguer et de « m’économiser ». C’est alors que j’ai appris ma première leçon de vie d’entrepreneur : on n’a pas nécessairement la même réaction par rapport au travail que ses employés ou partenaires. Cela ne veut pas dire qu’on doit porter le monde sur ses épaules; au contraire, cela signifie simplement qu’on doit développer son empathie. 

Le succès de mes franchises me donnant des ailes, je me suis alors lancé un nouveau défi en créant une nouvelle entreprise avec deux partenaires. Nous débordions d’idées, et pourtant, ça n’a pas fonctionné. L’échec a été retentissant. Pourquoi? Parce que nous étions tous les trois portés sur l’innovation et que nous avons commis l’erreur d’oublier l’exécution de notre idée. Deuxième leçon de vie d’entrepreneur : on peut avoir la meilleure idée du monde, mais si on ne s’efforce pas de bien l’exécuter, ça ne fonctionnera pas.

Entrepreneur dans l’âme, j’ai instinctivement cherché de nouvelles occasions d’affaires. C’est ainsi qu’est née la plateforme SoumissionRenovation.ca. Si elle connaît un tel succès, c’est que, dès le début, j’ai veillé à ne pas répéter les mêmes erreurs. J’avais trois mots d’ordre : structure, organisation et exécution. Alors, autant vous dire qu’avec la dernière entreprise que j’ai cofondée en date, B2B Quotes, les erreurs du passé me permettent de bâtir de façon efficiente et rapidement. 

Des histoires d’entrepreneur comme celles-ci, j’en ai bien d’autres à mon actif. Elles me permettent aujourd’hui de transformer l’essai à chaque nouvelle aventure. Et de ces expériences, je retire de précieux apprentissages qui m’aident à me relever en cas d’échec.

1. Se ressourcer, analyser et recommencer

Prendre le temps de se ressourcer et savoir prendre du recul par rapport à l’échec est super important. On doit impérativement prendre le temps d’analyser la situation pour savoir ce qui n’a pas fonctionné (en toute objectivité). C’est de cette façon qu’on peut voir quelles leçons on doit retenir, quelles occasions du marché on a manquées, etc. C’est après ce cheminement qu’on est en mesure de se lancer dans une autre affaire.

2. Toujours aller de l’avant

S’il faut savoir tirer profit de son expérience, on ne peut pas pour autant rester tourné vers le passé. La période où l’on vit l’échec n’est certes pas agréable, mais on ne doit pas se décourager. Comme le dit si bien le proverbe, après la pluie vient le beau temps!

3. Apprendre à accepter la critique

Savoir écouter est essentiel, mais on ne doit pas prendre toutes les critiques à cœur. Quoi qu’on fasse, il y aura toujours des commentaires négatifs ou des gens qui diront que ça ne fonctionnera pas. On doit plutôt essayer de transformer la critique en occasion de faire le point pour mieux connaître son produit et son marché, pour se questionner quant aux aspects à améliorer. La critique doit être source de motivation et non une cause de découragement.

4. Savoir s’entourer

Selon moi, avoir un mentor est un élément indispensable au parcours d’un entrepreneur. On peut parler en toute franchise avec un mentor et se faire ramener sur terre quand c’est nécessaire. Quand on a une entreprise, on oublie parfois le monde autour de soi, on perd l’objectivité requise pour prendre des décisions. On peut être le seul décisionnaire à la fin, mais on doit bien s’entourer pour la prise de décision.

5. Bien se connaître afin d’apprendre à mieux gérer les moments difficiles

Il est crucial de connaître ses forces et ses faiblesses en tant qu’entrepreneur. Cela permet de mieux anticiper ses réactions et de mieux gérer son stress pour traverser les moments difficiles.

6. Développer ses compétences en gestion

Être entrepreneur ne signifie pas qu’on est un bon gestionnaire. Comme pour tout aspect d’un métier, ça s’apprend. Mon premier réflexe est d’être encore plus présent pour l’équipe quand il y a une période difficile. Comme entrepreneur, on doit vraiment veiller à donner l’exemple, à garder la motivation. N’oubliez jamais que l’entrepreneur est le moteur de son entreprise.

7. Attention aux excès

Bien entendu, l’entrepreneur doit être motivé, engagé et confiant, mais attention à l’excès de zèle! Le succès n’est pas éternel. Pour le faire durer, il faut sans cesse évoluer, se questionner et ne rien tenir pour acquis. Une confiance démesurée peut entraîner de mauvaises décisions parce qu’on se croit à l’abri de l’échec.

Je crois qu’il nous faut changer notre perspective en ce qui a trait à l’échec. Il ne faut pas en avoir honte, il fait partie de l’école de la vie entrepreneuriale. Je suis persuadé que c’est en assumant ses échecs qu’on connaîtra le succès.