La ligne verte : reverdir la planète un toit à la fois

L’histoire de Patrice Godin

Vendredi 1 juin 2018
En 2009, Patrice Godin a fondé avec Antoine Trottier La ligne verte, une entreprise qui conçoit, installe et entretient des toits verts, murs végétaux et potagers urbains, entre autres espaces de verdure. La mission de ces entrepreneurs? Aider les citadins à faire de la place pour la nature en ville afin d’embellir leur quotidien… et de donner un coup de main à la planète.

« L’écologie est au cœur de nos valeurs, raconte le jeune vice-président. Je viens de l’Abitibi, où j’ai grandi en contact avec la nature, mais où j’ai aussi été témoin de l’impact environnemental que peuvent avoir l’exploitation forestière et les mines à ciel ouvert… Ce sont donc des enjeux qui m’ont toujours interpellé. »

Le premier potager

Patrice Godin a rencontré son associé Antoine Trottier alors que tous deux étudiaient à la maîtrise en sciences de l’environnement à l’UQAM. Ayant grandi sur la pépinière de ses parents, Antoine Trottier a transmis sa passion pour l’horticulture à son collègue. « Ensemble, on a eu l’idée de créer un potager destiné aux étudiants et au personnel de l’université, se souvient Patrice Godin. On a dégoté des matériaux recyclés, puis on a installé le jardin sur le toit du campus des sciences. » 

Jardin sur le toit : individu au travail

 

Forts de cette expérience qui leur a valu un prix Forces AVENIR (qui récompense l’engagement étudiant), les deux jeunes hommes ont par la suite été recrutés comme conseillers en aménagement par le Centre d’écologie urbaine de Montréal. Parallèlement à cet emploi, ils se sont lancé le défi de fonder leur propre entreprise. 

« Nos débuts ont parfois été difficiles : on devait se faire un nom dans un tout petit milieu où les contrats ne pleuvaient pas et où la concurrence était féroce. Il nous a fallu attendre plus de quatre ans avant de pouvoir quitter nos emplois pour nous consacrer totalement à notre entreprise. »
 

La nature en ville

En 2017, après avoir réalisé des dizaines de projets (terrasses sur le toit de copropriétés, aménagement de murs végétaux intérieurs dans des commerces, toits verts sur des écoles, potagers chez des particuliers, etc.), ils ont relevé leur plus grand défi en carrière : l’aménagement d’un potager spectaculaire sur le toit d’un IGA à Saint-Laurent — le plus grand toit vert comestible au Canada. « Encore aujourd’hui, chaque fois que j’y mets les pieds, je suis époustouflé », admet Patrice Godin. 

Afin de permettre aux gens de profiter de cet espace unique, La ligne verte y organise depuis peu des événements. « On reçoit des groupes pour le brunch ou pour le souper, et tous les légumes qui sont servis ont été cultivés directement sur le toit. C’est pour nous une façon de favoriser la proximité entre les gens et leur fermier de quartier. »

Des bénéfices tous azimuts

Les entrepreneurs affirment avoir vu la demande augmenter de façon exponentielle depuis la naissance de La ligne verte. Et pour cause : de telles initiatives sont non seulement saines pour l’environnement, mais également avantageuses pour le portefeuille! À titre d’exemple, Patrice Godin indique qu’avec un toit vert, on parvient à doubler, ou même à tripler, la durée de vie utile de la membrane d’étanchéité d’une toiture. Ainsi, on ne doit refaire le toit que tous les 50 ou 75 ans, plutôt que tous les 25 ans! 

En outre, de telles infrastructures améliorent l’efficacité énergétique du bâtiment (en conservant l’air frais ou l’air chaud à l’intérieur, selon les saisons), agissent à titre d’isolant acoustique (ce qui se révèle très utile dans les zones aéroportuaires, par exemple) et contribuent à la lutte contre les îlots de chaleur en ville.

Bac avec radis
« Sans oublier que c’est vraiment joli, souligne l’entrepreneur. Et la ville offre justement une infinité de surfaces qui ne demandent qu’à être agrémentées, embellies. Profitons-en! D’ailleurs, on n’a jamais dit à un client : “Ton projet est trop petit; ça ne nous intéresse pas!” Jamais. Quand une personne fait le choix responsable de verdir son espace, que ce soit sur des dizaines de milliers de pieds carrés ou encore sur le toit d’un petit cabanon en ville, c’est une grande fierté pour nous de l’accompagner là-dedans. » 

Les défis à venir

Déterminés à mettre sur pied de plus en plus de fermes urbaines, les associés font désormais équipe avec un troisième partenaire, le maraîcher Tim Murphy, qui les aide à développer cette branche de La ligne verte, tandis qu’ils poursuivent leurs efforts du côté de l’horticulture. 

Et s’il souhaite continuer de réaliser des projets un peu partout dans la province, le duo d’entrepreneurs lorgne également de plus en plus l’Ontario et l’Ouest canadien… et aimerait bien un jour aller tâter le terrain en Europe. « Il existe en France de nombreuses mesures incitatives qui favorisent les initiatives vertes dans les bâtiments situés en zone commerciale, explique Patrice Godin, alors on a vraiment envie d’aller voir si on pourrait se faire une place là-bas dans les prochaines années. » 

Reverdir la planète un continent à la fois… Pourquoi pas?

L’entreprise en chiffres :

  • 12 : le nombre d’employés
  • 150 : le nombre de projets menés à terme depuis la fondation de l’entreprise
  • 10 à 20 : le coût en dollars au pied carré pour créer un toit vert
  • 2 322 (25 000) : la superficie en mètres carrés (pieds carrés) du toit vert aménagé sur le IGA de Saint-Laurent
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