La Compagnie Électrique Lion : imaginer le transport de demain
L’histoire de Marc Bédard
Alors qu’il étudie la compatibilité, Marc Bédard songe déjà à devenir entrepreneur. Constatant que les joueurs de hockey sont mal représentés, il envisage d’ouvrir une firme d’agents négociateurs. « Quand j’avais neuf ans, c’était déjà moi le négociateur de la famille », se rappelle le quinquagénaire.
Plutôt que de plonger dans le monde du sport, Marc Bédard intègre une grande firme comptable, où il devient associé en fusions et acquisitions. En parallèle, il est actionnaire et membre du conseil d’administration des Entreprises Michel Corbeil, qui construisent des autobus scolaires. « Je suis tombé en amour avec les occasions offertes par le marché des autobus scolaires », affirme ce passionné de mécanique.
En 2002, il quitte le conseil d’administration des Entreprises Michel Corbeil et devient directeur d’une grande entreprise manufacturière. Il s’associe alors avec Camil Chartrand, un spécialiste de l’assemblage d’autobus scolaires, qui a travaillé pour les Entreprises Michel Corbeil. Ensemble, ils créent La Compagnie Électrique Lion. « On a mis toutes nos économies dans ce projet, souligne-t-il. C’était très risqué, mais on y croyait! »
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Le pari de l’innovation de qualité
Pendant trois ans, l’entreprise travaille à la mise au point de son premier véhicule : un autobus scolaire bien particulier. Légèreté accrue, durée de vie allongée, ergonomie adaptée aux chauffeurs, installation de ceintures de sécurité à trois points, structure permettant un entretien à moindre coût… Ces nouveautés apportent une bouffée d’air frais dans un secteur en panne d’innovation depuis trop longtemps. « Les autobus scolaires n’avaient pas évolué depuis au moins 40 ans, souligne Marc Bédard. Je ne voulais pas faire la même chose que les autres constructeurs. »
En 2011, l’autobus de La Compagnie Électrique Lion est enfin prêt à prendre la route et l’entreprise laurentienne enregistre ses premières ventes. Les exploitants d’autobus scolaires de la région, dont les chauffeurs et les mécaniciens qui ont participé aux consultations pour la conception du véhicule, figurent parmi ses premiers clients.
Cet autobus roule au diesel. Mais durant la conception de celui-ci, Marc Bédard et son équipe ont également fait des recherches sur les motorisations hybrides au gaz naturel liquide, au propane ou encore à l’électricité.
« En 2010, on a fait le choix de la motorisation électrique, car l’avenir du transport passera par l’électrification. »
Marc Bédard
Pionniers de l’électrification
Après environ cinq ans de développement et de tests, l’autobus électrique voit le jour et La Compagnie Électrique Lion décroche ses premiers contrats. Entre-temps, elle étend le périmètre géographique de son marché en vendant ses autobus non seulement dans tout le Canada, mais aussi aux États-Unis depuis 2013. Cette expansion nord-américaine s’avère d’autant plus nécessaire que l’entreprise doit affronter la concurrence féroce de trois multinationales, qui n’hésitent pas à attaquer sa crédibilité et à baisser leurs prix pour continuer à régner sur le marché des autobus scolaires. « Cela a été un véritable tsunami pour nous, déclare Marc Bédard. Comme nos concurrents n’étaient pas en mesure de mener une guerre des prix à large échelle, nous avons décidé de vendre nos produits dans le plus d’endroits possible. » Aujourd’hui, ces multinationales, qui dénigraient auparavant l’électrique, empruntent la même voie que La Compagnie Électrique Lion.
Déterminée à aller plus loin dans la production des véhicules électriques, l’entreprise explore d’autres créneaux que celui de l’autobus scolaire. Cet automne, elle commencera la commercialisation d’un minibus électrique destiné à tous les exploitants du secteur du transport collectif. Elle travaille aussi à la conception d’un modèle de camion électrique urbain, dont les premiers exemplaires devraient sortir de l’usine en 2019.
Une réussite collective
Selon Marc Bédard, La Compagnie Électrique Lion aurait difficilement pu parcourir tout ce chemin si elle n’avait pas su bien s’entourer de clients fidèles et d’employés passionnés. « Il faut être un peu fou pour venir travailler chez nous, car ce que nous réalisons n’a jamais été fait », avance-t-il. Mais l’entrepreneur doit aussi son succès à ses partenaires financiers et commerciaux. « C’est primordial de s’associer avec les bonnes personnes », estime celui qui a effectué deux rondes de financement pour trouver des investisseurs. Parmi eux se trouve l’homme d’affaires Alexandre Taillefer, notamment fondateur de Téo Taxi, un service de taxi dont les véhicules sont 100 % électriques.
« Mes partenaires et moi partageons la même vision. Et nous avons la chance de compter sur les membres de notre conseil d’administration qui nous poussent à nous remettre en question de manière constructive », conclut-il.
La Compagnie Électrique Lion en chiffres :
1 : le nombre de véhicules produits par jour
150 : le nombre de véhicules électriques assemblés en deux ans
70 : le nombre d’employés de l’entreprise
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