EcoloPharm: une évolution durable

L’histoire de Sandrine Milante

Mardi 5 mars 2019
Sandrine Milante aurait très bien pu devenir professeure de sciences politiques à l’université puisque c’est ce à quoi ses études et son parcours professionnel la destinaient. Mais, tombée dans la marmite de l’entrepreneuriat sans vraiment s’en rendre compte, elle a plutôt choisi d’accomplir une autre mission inspirante.

Tout a commencé en 1995 lorsque la mère de Sandrine Milante, formée en comptabilité, a racheté d’une entreprise française une petite usine de transformation de matière plastique établie à Longueuil. On y trouvait deux machines à injection qui servaient alors à satisfaire les besoins d’un client unique dans le domaine des cosmétiques. Cette acquisition a rapidement été suivie de celle, l’année suivante, d’une autre usine du même type. Les clients et machines de celles-ci ont ensuite été rapatriés à l’usine de la Rive-Sud (Montréal), qui est passée de deux machines fonctionnant pendant 8 h chaque jour à 11 machines à injection plastique exploitées 16 h par jour. 

Un départ coulé dans le plastique

C’est à ce moment que le père de Sandrine Milante a embarqué dans l’aventure afin de s’assurer du développement des affaires. La nouvelle entreprise familiale allant bon train, les parents de Sandrine Milante lui ont demandé, en l’an 2000, de venir leur prêter main-forte entre deux charges de cours. « Je suis donc simplement allée les aider, explique l’entrepreneure. Mais dans une entreprise familiale, lorsque l’on offre un coup de pouce, le bras y passe! Après six mois, j’ai constaté que je ne pourrais plus quitter l’entreprise. Mais je n’étais pas encore consciente que j’étais en train de devenir entrepreneure. » L’entreprise s’est rapidement mise à tourner jour et nuit, et Sandrine Milante y a travaillé pendant de nombreuses années comme directrice des opérations, en y jouant un rôle de plus en plus important. 

En 2008, à la suite d’un congé de maternité, elle a réalisé qu’elle était depuis quelque temps en train de prendre la direction de l’entreprise. Ses parents lui ont aussi avoué qu’en son absence, ils s’étaient rendu compte que l’entreprise n’était plus la leur, si bien que celle-ci lui appartenait si elle la voulait.

« Je me suis dit : “Si elle est à moi, je vais la réinventer parce qu’elle ne correspond pas à ce que je veux d’une entreprise.” Je veux faire autrement, différemment. Je veux que ça devienne plus grand — d’où le début de ma réflexion sur le développement durable et l’écoconception. »

Sandrine Milante
 

Un modèle repensé

Comme l’entreprise fabriquait déjà, à titre de sous-traitant, toutes sortes de contenants de médicaments, la réflexion s’est portée sur ces vieux modèles qui comprenaient des parties non recyclables et séparées, et qui impliquaient beaucoup de manipulation et une très grande quantité d’emballages divers. « C’était une catastrophe, commente l’entrepreneure. Ça commençait à me déranger. »

Une réflexion et une analyse complète du modèle existant ont ainsi été entamées pour élaborer un processus d’écoconception. Avant la fin de 2008, les premiers brevets pour une fiole écoresponsable ont été déposés. Cette dernière, moulée en un seul morceau, réduisait de 35 % la quantité de matière première utilisée et de 55 % l’énergie nécessaire à sa fabrication par rapport au modèle traditionnel. Ont également été repensés le conditionnement, les emballages et l’approvisionnement. C’était le début d’une longue série de questionnements sur les pratiques en vigueur depuis une cinquantaine d’années, dont plusieurs étaient dépassées ou ne répondaient pas au volume d’ordonnances actuel. 

Contenants Ecolopharm

La nouvelle entité, EcoloPharm, est officiellement née en 2009 avec Sandrine Milante à sa tête. « J’ai compris alors que j’étais une cheffe d’entreprise et que j’avais un projet et une vision. Le sens de l’entrepreneuriat n’est pas inné chez moi, mais lorsque l’occasion s’est présentée, je me suis rendue à l’évidence. » 

Très curieuse de nature et fascinée par cette nouvelle avenue, la présidente s’est mise à cumuler les certificats pour mieux comprendre l’écoconception, la gestion et plusieurs outils qui lui sont utiles dans son cheminement. « J’ai toujours eu le désir de ne jamais m’asseoir sur des connaissances », précise celle qui a toujours préconisé une démarche scientifique rigoureuse, à l’université comme dans l’entrepreneuriat. Son entreprise étant aujourd’hui considérée comme l’une des écoleaders dans la province, Sandrine Milante siège à divers comités afin de poursuivre la discussion et de contribuer à l’évolution du secteur.

La création, avec passion

L’écoconception d’emballages pharmaceutique requérant plusieurs expertises, Sandrine Milante a travaillé fort pour s’entourer des bonnes personnes et pour créer une équipe qui partage sa mission. Aujourd’hui, son équipe, solide et dynamique, se compose de nombreuses personnes de la génération Y (qu’elle surnomme affectueusement ses « chewing gums » en raison de leur habitude de « coller à l’usine » tard le soir), et la cheffe d’entreprise se trouve choyée de pouvoir compter sur la plus jeune génération pour mener à bien sa mission.

« Mon rôle est de communiquer convenablement ma vision et mes besoins pour que l’équipe sache vers quoi elle doit tendre pour faire progresser l’entreprise, dit la gestionnaire. Quand il y a un sens à ce que l’on fait, on y est attaché. À mes yeux, cet aspect a toujours été essentiel. Je ne me voyais pas heureuse dans une entreprise sans raison d’être. Je considère qu’avoir une entreprise, c’est disposer d’un moyen d’action. Dans le cas d’EcoloPharm, nous voulons proposer LA solution écoresponsable et faire évoluer les pharmaciens. L’ensemble du travail que je fais avec mon entreprise va dans ce sens. Quand on est capable d’inspirer les gens, c’est fou ce qu’on peut obtenir! »

Une lente révolution

Aujourd’hui, plus de 30 % des pharmacies canadiennes utilisent des produits d’EcoloPharm. Aux yeux de Sandrine Milante, tous ces pharmaciens sont des acteurs de changement. Si l’entreprise enregistre un taux de croissance annuel de 20 %, le domaine de la pharmacie a encore beaucoup de chemin à faire, selon la dirigeante. C’est pourquoi l’entreprise de Chambly continue à créer de nouveaux concepts pour répondre à d’autres besoins, sans cesse croissants en raison du vieillissement de la population et de l’augmentation du nombre d’ordonnances. 

Les défis, dont celui de la résistance au changement, demeurent présents. « En 2010, lorsque nous parlions d’écoconception, nous n’avions pas l’oreille des pharmaciens. Ça a beaucoup évolué, mais il reste de l’éducation à faire. Neuf ans après avoir lancé l’entreprise, nous n’avons toujours pas de concurrent. C’est vous dire combien c’est un milieu qui avait besoin d’un vent de changement et qui avait été négligé. »
 

L’entreprise en chiffres

  • 1 : usine unique à Chambly, où tout est pensé et créé, et depuis laquelle tout est distribué
  • 26 : nombre d’employés d’EcoloPharm
  • 24 : nombre d’heures d’activité quotidienne de l’usine
  • 35 : économie (en pourcentage) de matière plastique réalisée avec chaque Ecolo-Vial par rapport aux autres options sur le marché
  • 100 : nombre de fois que sont réduites les émissions de CO2 générées par la production des Ecolo-Vial par rapport aux produits classiques

 

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