Inukshuk Synergie: entreprendre avec les communautés autochtones

L’histoire de Mélanie Paul

Vendredi 23 mars 2018
Mélanie Paul était encore une enfant lorsqu’elle a décidé qu’améliorer les conditions de vie des communautés autochtones — dont elle est elle-même issue — serait sa mission dans la vie. Ce projet se concrétise aujourd’hui sous la forme d’Inukshuk Synergie.

Durant son enfance à Mashteuiatsh, Mélanie Paul n’a jamais manqué de quoi que ce soit. Par contre, elle a côtoyé la pauvreté de près. « Je me souviens d’un petit voisin qui venait chez nous le matin et qui demandait à mon père s’il pouvait effectuer un travail en échange d’une toast pour déjeuner. Être témoin de telles situations au quotidien, ça marque. Je ne pouvais pas rester indifférente, et j’y ai trouvé une grande motivation pour faire bouger les choses. » 

Ça reste dans la famille

C’est d’abord en se tournant vers des études et une carrière en service social qu’elle a entrepris d’aider les siens. Toutefois, en 2002, son père lui a demandé de venir lui prêter main-forte au sein de Groupe ADL, l’entreprise familiale qui investit dans des entreprises de divers secteurs (tourisme, construction, etc.).

« Mon père a fait appel à moi précisément en raison de mes compétences en service social. Il m’a dit : “Nous aussi, ici, on veut aider les gens. On veut les aider à se valoriser par le travail et ainsi à briser le cycle de la pauvreté.” »

La jeune femme a accepté de tenter le coup. À ses débuts, elle travaillait étroitement avec le service des ressources humaines et offrait un soutien et un accompagnement aux employés qui luttaient contre la toxicomanie. « En les aidant à conserver leur emploi, je souhaitais les aider à préserver leur dignité et, conséquemment, à échapper à d’autres problèmes, comme le suicide ou la violence. »

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Évoluer grâce au perfectionnement

À mesure qu’elle progressait dans l’entreprise, Mélanie Paul, qui était aussi chef de famille monoparentale (ses enfants sont aujourd’hui âgés de 23, 17 et 13 ans), saisissait toutes les occasions de se perfectionner. 

Après avoir suivi des cours en gestion et en administration à l’Université du Québec à Chicoutimi, elle a fréquenté l’École d’Entrepreneurship de Beauce en 2013. Elle y a fait la rencontre de l’ex-président de RONA Robert Dutton, qui demeure à ce jour une figure importante pour elle. « Mon premier mentor, ce sera toujours mon papa, précise Mélanie Paul, mais M. Dutton est le second. » 

Suivre cette formation s’est avéré une expérience déterminante pour elle. « C’est à l’École que j’ai compris tout le potentiel et l’impact positif qu’un modèle d’affaires peut avoir, affirme l’entrepreneure. J’y ai développé une toute nouvelle vision des affaires. »

Un projet engagé dans son milieu

En s’appuyant sur cette vision ainsi que sur l’expertise développée chez Granules LG — un producteur de granules de bois qui compte parmi les partenaires de Groupe ADL — Mélanie Paul a lancé Inukshuk Synergie en 2016. L’entreprise en démarrage vise à fournir des solutions d’énergie clés en main (électricité et chaleur) aux communautés et organisations qui se trouvent à l’extérieur du réseau électrique. 

« L’idée est de remplacer l’énergie fossile par une source d’énergie renouvelable : la granule de bois. Le tout à partir de nos propres structures. De cette façon, on fait la promotion d’un modèle d’économie collective et circulaire, puisqu’on crée de l’emploi et qu’on partage les profits avec la communauté, tout en générant des retombées positives sur l’environnement. En ce moment, nous travaillons sur différents projets qui devraient voir le jour d’ici 2019 », résume la jeune quadragénaire qui assume, en plus de la présidence d’Inukshuk Synergie, la vice-présidence de Groupe ADL et de Granules LG. 

Ambassadrice de sa région au Conseil du patronat du Québec, Mélanie Paul a été approchée en 2015 par le gouvernement provincial, qui lui a demandé de rédiger un guide à l’intention des entreprises d’ici qui souhaitent établir des partenariats commerciaux avec les Premières Nations. Ce projet lui tient tout particulièrement à cœur, car il lui permet d’aider les communautés autochtones à plus grande échelle encore. « Je suis tellement fière de réaliser le rêve que j’avais, enfant! Ce n’est pas le rêve américain, mais c’est mon rêve amérindien! », conclut-elle. 

Inukshuk Synergie en chiffres :

  • 20 : le chiffre d’affaires annuel en millions de dollars de Granules LG
  • 120 000 : le nombre de tonnes de granules de bois produites chaque année par Granules LG
  • 55 : le nombre actuel d’employés de Granules LG; 20 d’entre eux sont autochtones
     

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Visitez le site Web d’Inukshuk Synergie et de Granules LG.