Devicom : un acteur d’innovation en région
L’histoire de France Lavoie
Lorsque France Lavoie cofonde le groupe-conseil spécialisé en technologies de l’information (TI) Devicom avec son conjoint Sylvain Duguay, le terme est pratiquement inconnu. C’était en 1989, alors que l’ordinateur Commodore 64 était un monstre de modernité. « Nous développions, par exemple, des contrôles de procédés et des interfaces de communication pour de gros joueurs du Saguenay−Lac-Saint-Jean, comme Alcan. Nous modernisions en somme leurs opérations en les amenant dans le monde de l’informatique », se souvient-elle.
C’est leur envie d’innover – le génie informatique n’était pas enseigné lorsque Sylvain Duguay termine ses études d’ingénieur en 1982 – qui les incite à se lancer dans l’aventure Devicom.
La même année, le couple a son premier enfant. La jeune mère de 25 ans continue néanmoins de graviter autour de Devicom et d’y assumer des tâches essentielles, comme la comptabilité et le service à la clientèle. « J’ai toujours su combiner ma vie familiale et entrepreneuriale. Pour moi, ce n’était même pas une question », dit-elle.
La petite firme de Chicoutimi se positionne rapidement comme un agent d’innovation dans un secteur où tout est à faire. Lors de l’arrivée des premiers Pentium sur le marché au début des années 90, par exemple, Devicom en profite pour amorcer un virage dans les infrastructures informatiques en installant ses premiers serveurs. Ses expertises en circulation de l’information ainsi qu’en sécurité informatique se développeront plus tard, au gré des avancées technologiques dans le domaine. « C’est comme ça que nous nous sommes élevés, petit à petit, dans les ligues majeures des TI », résume la femme d’affaires de 53 ans.
Virage numérique
Aujourd’hui, plus que jamais, on cogne à la porte du groupe Devicom pour lui confier la réalisation de projets complexes, à haut risque et qui nécessitent d’innover. Parmi les entreprises qui font appel à ses services, on note entre autres Rio Tinto Alcan, la Sûreté du Québec et la Ville de Saguenay, même si l’essentiel de ses mandats provient de PME québécoises. « Nous accompagnons beaucoup de clients dans l’intégration de TI à leurs processus d’affaires. La transformation numérique est un réel enjeu en ce moment au Québec », affirme France Lavoie.
Le gouvernement du Québec a d’ailleurs lancé en 2016 un plan numérique, par l’entremise duquel il souhaite propulser la province dans la révolution industrielle 4.0. Au total, 28 mesures concrètes accompagnées d’un soutien financier aideront les PME à amorcer leur virage numérique, un coup de pouce essentiel pour que ces dernières demeurent compétitives à l’échelle mondiale, estime France Lavoie.
« Les TI sont dorénavant une fonction clé d’une entreprise, au même titre que les ventes ou l’administration. Sans un service bien structuré, elle se dirige tout droit vers un mur. »
France Lavoie
Selon elle, l’expertise de Devicom est plus que jamais nécessaire en cette ère de numérisation accélérée. « Gérer la transformation numérique dans une entreprise peut être assez lourd. Les ressources et moyens sont souvent inadéquats et insuffisants. Nous sommes là pour faciliter ce processus », lance celle qui fait du mentorat depuis 15 ans auprès d’entrepreneurs.
Holacratie
Avant de relever ce défi, France Lavoie a néanmoins fait face à une crise majeure au sein même de Devicom, crise qui a privé de croissance l’entreprise pendant trois ans. « Lorsque nous avons soufflé nos 25 bougies en 2014, l’année même où nous avons emménagé dans nos nouveaux locaux, je me suis rendu compte que Devicom n’était plus en mesure d’innover, ce qui était pourtant sa mission. Le ralentissement économique touchant la région nous frappait durement, le bouche-à-oreille ne fonctionnait plus, nous soumissionnions toujours plus haut que nos concurrents... J’ai cru à la mort imminente de l’entreprise », raconte-t-elle.
Après un examen de la situation, un constat s’impose : Devicom avait omis, tout au long de sa croissance, de développer une véritable culture d’innovation. Effrayés par les changements, les piliers de l’organisation promus au fil des années s’étaient encroûtés au lieu d’être les agents d’innovation qu’ils étaient censés être. Bref, la structure hiérarchique de Devicom était devenue trop rigide. « C’est alors que j’ai entendu parler de l’holacratie. Je me suis dit que c’était la solution à notre léthargie », dit France Lavoie.
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Ce système d’organisation de la gouvernance est fondé sur la dissémination des mécanismes de prise de décision dans l’ensemble de l’entreprise. Au lieu de reposer sur les épaules de directeurs, les responsabilités sont partagées par tous les employés, peu importent leurs fonctions. Chez Devicom, chaque projet s’articule désormais autour de cercles d’individus qui travaillent ensemble et dont les décisions ont un impact immédiat, mesurable et tangible sur la destinée de l’entreprise. « Désormais, j’embauche sur le savoir-être et l’engagement de la personne envers la compagnie. C’est pourquoi il y a beaucoup d’anciens travailleurs autonomes et d’ex-entrepreneurs dans notre nouvelle équipe », détaille-t-elle.
L’effet de ce changement de culture d’entreprise s’est fait sentir rapidement : Devicom a renoué avec la croissance en décembre dernier. Et ses fondateurs ont l’intention de demeurer des acteurs d’innovation.
Devicom en chiffres
3,9 : le chiffre d’affaires en millions de dollars
15 000 : les bureaux de Devicom en pieds carrés
50 : le nombre d’employés
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