Glutenberg : des affaires bien brassées

L’histoire de Julien Niquet et de David Cayer

Mardi 29 novembre 2016
Julien Niquet et David Cayer ont cofondé la microbrasserie Glutenberg pour donner à la bière sans gluten ses lettres de noblesse. Cinq ans plus tard, leurs boissons houblonnées sont auréolées de prix et distribuées dans 21 États américains.

« Il y a cinq ans, à peu près tout le monde ignorait qu’il est possible de boire de la bière même si on souffre d’une intolérance au gluten », se souvient Julien Niquet. L’entrepreneur de 35 ans en sait quelque chose puisqu’il est atteint de la maladie cœliaque, qui touche 75 000 Québécois et 300 000 Canadiens.
 
À l’époque, la mode sans gluten commence à prendre de la vigueur. On dit alors qu’une portion de la population est sensible, sans y être intolérante, au gluten, cette protéine présente notamment dans le blé et l’orge. En tant qu’apprenti entrepreneur, Julien Niquet y voit une occasion d’affaires à saisir. Il n’est pas le seul : son collègue David Cayer, fraîchement diplômé comme lui de l’École de gestion de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), est du même avis.

« Nous aurions pu mettre sur pied n’importe quel type d’entreprise, tant et aussi longtemps que le marché était prometteur. Nous voulions absolument viser un marché de niche puisqu’il est plus facile d’y faire croître une entreprise. Selon ce que nous avions alors compris, c’est une caractéristique clé du succès des entreprises québécoises », soutient David Cayer. Pour le brassage de leur bière, un art auquel ils ne connaissent absolument rien, les deux hommes d’affaires frappent à la porte du brasseur en chef Gabriel Charbonneau. Une décision qui s’avérera payante et qui démontre bien l’importance de penser comme un entrepreneur plutôt que comme un artisan. « Nous avons placé des concepts comme la performance opérationnelle, l’investissement stratégique et la création de valeur pour les actionnaires au centre de ce que nous faisons », explique Julien Niquet.

De l’importance d’innover

Afin de garantir leur succès, les deux entrepreneurs misent sur la qualité de leurs cinq produits — pas question que leurs bières sans gluten ne goûtent pas la « vraie » bière! Ils optent donc pour une approche audacieuse typique d’une microbrasserie pour proposer des bières de styles variés. Au diable les traditionnelles lagers! Vive les IPA, les blondes et les rousses!

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Ce faisant, ils s’assurent l’adhésion des amateurs de bière de tout acabit, qu’ils souffrent d’une intolérance au gluten ou non. « Nous faisons face à une concurrence féroce pour gruger des parts dans la grosse tarte du marché tout en nous assurant de conserver le quasi-monopole de la plus petite tarte des produits sans gluten, où la fidélité est bien meilleure. Nous goûtons au meilleur des deux mondes! », lance David Cayer.

Après à peine huit mois d’exploitation, leur audace paie. À l’édition 2012 de la World Beer Cup, la plus prestigieuse des compétitions brassicoles, trois de leurs bières sont couronnées meilleures bières sans gluten du monde dans leur catégorie respective. De l’aveu même des deux entrepreneurs, c’est cette consécration qui les a vraiment lancés. « Il y a eu un avant et un après », affirme Julien Niquet.

Glutenberg a récemment remporté cinq autres médailles à la World Beer Cup en plus de récolter deux honneurs au concours Canadian Brewing Awards. « Cela prouve que nous avons su évoluer avec le temps, que nous sommes toujours aussi pertinents », dit le jeune entrepreneur. 

Depuis, le succès colle à la peau du tandem. La microbrasserie Glutenberg est aujourd’hui intégrée au groupe Glutenberg, qui comprend l’entreprise de distribution Transbroue et la microbrasserie Oshlag qui produit des bières avec gluten. Cette croissance n’aurait jamais été possible sans une étroite coopération entre les deux entrepreneurs.

« Je suis l’hyperactif, je consacre mon énergie au développement de nouveaux projets, tandis que David est le gestionnaire pragmatique qui voit au bon fonctionnement des opérations. Nos rôles respectifs sont clairs et bien définis. C’est ce qui fait que l’harmonie règne, et que nous sommes tous deux heureux », précise Julien Niquet.

« Nous aurions pu mettre sur pied n’importe quel type d’entreprise, tant et aussi longtemps que le marché était prometteur. Nous voulions absolument viser un marché de niche puisqu’il est plus facile d’y faire croître une entreprise. Selon ce que nous avions alors compris, c’est une caractéristique clé du succès des entreprises québécoises. »

David Cayer

Glutenberg en chiffres

  • 15 : le nombre d’employés
  • 5 millions : le chiffre d’affaires projeté pour l’exercice financier en cours (2016)
  • 21 : le nombre d’États américains dans lesquels l’entreprise est présente
  • 1600 : les points de vente au Québec
  • 50 : le pourcentage des ventes réalisées au Québec
     

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